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Tous. — Allons !

À ce moment, la fenêtre de gauche s’ouvre brusquement et une femme en peignoir paraît, les cheveux en désordre.

La Femme. — Au secours, à moi, on me tue, on m’assassine !

Les Follentin. — Mon Dieu ! qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce qu’il y a ?

Un Homme paraissant et pressant une femme à la gorge. — Te tairas-tu, catin ?

Gabriel. — Eh bien ! venez-vous, mesdames ?

Follentin. — Mais vous ne voyez donc pas ?

Madame Follentin. — Là ! là !

Marthe. — On assassine.

L’Homme, poignardant la femme. — Tiens !

La Femme. — Ah !

Follentin. — Et personne ne bouge ?

Madame Follentin, indiquant les badauds. — Ils restent là tranquillement, les lâches !

Follentin. — Lâches ! Lâches !

Madame Follentin. — Mais vas-y donc, au lieu de crier : « lâches ! »

Follentin. — Viens avec moi.

La Femme, assassinée. — Ciel ! c’est mon frère !

Gabriel. — Mais venez donc, ne soyez pas badauds !

La fenêtre s’est refermée et un grand transparent paraît avec ces mots : « Lire la suite dans Les Mangeurs de Blancs, le nouveau roman de Pierre Levallois. »

Follentin. — Comment, c’était encore la publicité ?

Gabriel. — Mais, dame !

Madame Follentin. — Ah ! bien ! nous nous y sommes laissés prendre !…

Follentin. — Vous, mais pas moi !

Gabriel. — Allons, venez !…

Madame Follentin. — C’est ça !

Follentin. — Et on se retrouve ici.

Madame Follentin, Marthe, Gabriel. — Entendu !

Ils sortent.

Scène IX

FOLLENTIN, UNE PELOTINETTE

Follentin, s’orientant. — Voyons ! Où trouverai-je un tailleur !

Une Pelotinette, s’approchant de Follentin qui lui tourne le dos. À part : Un jeune horizontal ! (s’approchant et à son oreille.) Tout à fait charmant.

Follentin, se retournant. — Madame !

La Pelotinette. — Oh ! Oh ! c’est un vieux garde ! (Elle s’éclipse.)

Follentin. — Comment, un vieux garde !

La Gardienne de la Paix, traversant la scène. — Allons, circulez !

Follentin. — Madame l’agent !