Follentin. — À vous de faire !
Cartouche. — À moi !… (Tout en donnant les cartes.) Décidément, c’est très amusant, le poker ! (On entend dans le dessous une voix qui chantonne « Viens poupoule ».) Écoutez !
Follentin. — Le signal que j’ai indiqué au prisonnier du dessous. Il nous annonce que le geôlier fait sa ronde.
Cartouche. — Brave prisonnier !… Vite ! gagnons nos chaînes.
Mandrin. — Flûte ! J’avais full d’entrée !
Cartouche. — Oui, ce sera pour une autre fois !… Vite ! dissimulons le matériel.
Mandrin. — Là !… et à l’attache !
Follentin. — Il était temps !
Scène II
entrant par pan coupé gauche
Bienencourt, une lanterne à la main. — Ah ! Ah ! vous faites honneur au repas, je vois ! C’est bien, messieurs les prisonniers ; il est bon d’avoir le ventre plein à l’heure où l’on va sauter le pas.
Tous. — Sauter le pas ?
Bienencourt. — Mon Dieu, oui !… votre dernier dîner. Demain, pour vous, le fouet, la roue, la mort !
Tous. — La mort !
Follentin. — La mort !… mais non ! C’est impossible !… D’abord, Louis XV m’attend !
Bienencourt. — Oui, mais, pour cela, il faudrait pouvoir arriver jusqu’à lui. Ah ! Ah ! Follentin, tu ne m’échapperas pas ! Et pour plus de précautions, j’ai fait demander le serrurier de la Bastille pour qu’il s’assure que vos chaînes sont bien rivées et que les barreaux de cette fenêtre sont bien solides !… Bon appétit, messieurs !
Tous avec rage. Ah !
Scène III
Cartouche. — Mais nous ne pouvons pas rester ici !…
Tous. — Non !