Toutes les Dames. — Oh ! oui ! Oh ! oui ! chère Madame !
Madame Mandrin. — C’est que ce soir, je suis un peu enrouée.
Madame Cartouche. — Oh ! vous êtes trop modeste.
Une Dame. — Vous n’avez jamais été plus en voix.
Toutes les Dames. — Oh ! oui ! Certes ! Jamais plus !
Cartouche. — Allons ! un fauteuil !
Follentin. — Vous me comblez.
Une Dame. — Un programme, Monsieur !
Tous, applaudissant. — Bravo ! Charmant !
Cartouche, à Follentin. — Eh ! bien, vous n’applaudissez pas ?
Follentin, ficelé et ne pouvant bouger les bras. — Si ! Si ! Bravo ! Bravo !
Cartouche. — de qui est donc cet air charmant ?
Madame Mandrin. — Mais de Lulli !
Cartouche. — Ah ! ce Lulli !… plein de talent… (À Follentin.) Vous le connaissez ?
Follentin. — Lulli !… Oui !… Comment donc ! Mounet-Lully !
Cartouche. — C’est possible !… Je ne sais pas son petit nom !
Le Valet. — Le souper est servi !
Madame Cartouche. — Mesdames, choisissez vos cavaliers !… Si vous voulez passer dans la salle à manger, le souper est servi ! (À Follentin.) Voulez-vous m’offrir votre bras, monsieur ?…
Follentin. — Comment donc !… (Il offre son coude.) Seulement, Madame, ne marchons pas trop vite, parce que j’ai un peu de peine à avancer.
Cartouche, très aimable. — Un peu d’ankylose, peut-être ?
Follentin. — Un peu d’ankylose !
Le Brigand, qui monte la garde. — C’est bien. Attendez ! Je vais porter la carte au chef !
Cartouche. — Qu’est ce que c’est ?
Le Brigand. — C’est un gentilhomme qui vous demande audience.
Cartouche. — Quel gentilhomme ?
Le Brigand. — Voici sa carte !
Cartouche, lisant. — « Le Prince Gabriel de Morteval de Villemar, lieutenant de brigands du XXe siècle ! » Un confrère !… Faites entrer !