Margot. — Mais ces mousquetades, au loin ?
Gilonne. — Des salves de joie.
Margot. — Dieu t’entende, Gilonne !… Mais, je ne sais pourquoi, un sombre pressentiment !… (bruit et cris au fond) Mais, tiens ! écoute !
Voix de Follentin. — Au secours !… au secours !… à moi !
Margot. — Mon Dieu ! Mon Dieu ! quels sont ces cris ?
Follentin (frappant à la porte des couloirs du Louvre). — Ouvrez ! Ouvrez !
Margot. — Ouvre ! Ouvre ! Gilonne !
Follentin, se précipitant, affolé. — Madame !… On tue !… On égorge nos frères !… On veut m’égorger aussi !… Sauvez-moi !
Margot. — Mon Dieu ! Qui êtes-vous ? Que demandez-vous ? Au secours ! À l’aide !
Follentin. — Madame ! N’appelez pas ! Je suis Follentin !… Les assassins grimpent les escaliers derrière moi ! S’ils vous entendent, je sois perdu. Ah ! les voilà !
Margot. — Mais, Monsieur ! C’est mon lit !
Follentin. — Ne craignez rien, Madame ! Mes intentions sont pures !
Margot. — Mais non ! Mais pas du tout ! Mais en voilà une idée !
Scène III
Coconas entrant par la porte des couloirs. — Ah ! mordi ! Nous le tenons enfin !
Follentin. — Une arme ! une épée ! un poignard que je me défende !
La Hurière. — Sus au Huguenot, mes amis !
Tous. — Sus !
Follentin. — Quoi ?
Coconas (donnant un coup de poignard à Follentin). — Tiens !
Follentin. — Oh ! Oh ! que c’est bête !… (Tout haut, à Margot) Ah ! Madame, avec vos préjugés, vous m’avez perdu.
Margot. — Misérable ! Assassinerez-vous aussi une fille de France ?
La Hurière. — Madame Marguerite !
Coconas. — La Reine de Navarre.
Follentin (par terre, étonné). — Non, c’est vrai ?
Coconas et La Hurière. — Absolument.
Follentin, avec un sifflement d’étonnement. — Ffu !
Coconas. — Madame !… Excusez-nous ! Mais entraînés à la poursuite d’un hérétique.
Margot. — Les églises et les châteaux royaux sont lieux d’asile. Le Louvre est château royal ! Sortez !… Je vous l’ordonne !
Coconas. — C’est à la femme que j’obéis et non pas à la Reine. Nous