Chandel. — Ah ! Sire, vous me comblez ! Ma mère va être bien heureuse !
Serge. — Allons tant mieux ! Allez, Messieurs, allez !
Ils s’inclinent et sortent ainsi que les officiers.
Le Duc, remontant vers la porte de la chambre. — Et maintenant, si Votre Majesté daigne entrer.
Serge, sourit, se mord les lèvres, avec un petit dilatement des narines, boutonne le dernier bouton de son veston, puis, avec une pointe de grivoiserie. — Allons ! (Arrivé au Duc, il est arrêté par la présence du chandelier.) Oh ! cinq, c’est beaucoup !
Le Duc, qui ne comprend pas. — Plaît-il ?
Serge, gentiment blagueur. — Je vous en prie, posez ce chandelier.
Le Duc. — Mais, Sire, le Protocole !
Serge, insistant dans le même ton. — Je vous en prie, ça me gêne.
Le Duc, soumis. — Oh ! alors !… (Il dépose le chandelier sur la cheminée, puis, allant ouvrir la porte, fait un signe à la Duchesse assise sur la chaise extrême-gauche d’avoir à se lever, après quoi il annonce avec toute l’étiquette de cour.) Sa Majesté !
Le roi entre et va à la Duchesse qui fait la révérence, fait un profond salut, puis restant dans cette position sans relever la tête, il la tourne simplement pour regarder par-dessus son épaule gauche si le Duc ne va pas bientôt s’en aller.
Le Duc, comprenant et avec la plus grande discrétion. — Je me retire !
Serge, sans changer de position lui faisant un petit oui de la tête, puis. — C’est ça. (Le Duc s’incline et sort. Une fois le Duc sorti, se redressant, et tendant les bras à la Duchesse.) Ma petite Môme !
La Duchesse, se précipitant dans ses bras. — Antoine !
Ils s’asseyent sur le canapé.
Le Duc, allant prendre son chapeau sur la table. — C’est très excitant ! Décidément, quand le Roi en aura assez, il faudra que je me paie cette petite femme-là.
Il remonte pour sortir.
La Duchesse. — Et allez donc !… (Indiquant Serge.) C’est pas mon père !
RIDEAU