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IX====

Stanislas, puis Le Duc, puis Sabine, La Duchesse et Madame Homelskoff

A mesure que Sabine et Bérézin s’éloignent, la porte par laquelle est sorti Stanislas s’ouvre avec précaution, et Stanislas, le corps collé contre le battant, avance la tête, et suit du regard sa femme qui s’en va.

Stanislas, une fois Sabine disparue, allant s’affaler sur la chaise entre les baies 1 et 2. — La Môme Crevette ici,… la môme à l’Ambassade !… Comment ? Pourquoi ? C’est fou !… Et elle emmène ma femme ! Ma femme et la môme Crevette ensemble !… Ma tête éclate !

Le Duc, arrivant de gauche et apercevant Stanislas se livrant à une pantomine désespérée. Eh ! Qu’est-ce, que vous avez ?

Stanislas. — Ah ! Excellence, à mon secours, je sens que je perds la tête !

Le Duc. — Eh ! mon Dieu, qu’y a-t-il encore ?

Stanislas, se levant et avec désespoir. — Ma femme ! Ma femme sait tout !

Le Duc. — Aïe !:.. Aïe !… Aïe !…

Stanislas. — Et pour comble, la môme Crevette ! La môme Crevette est ici !

Le Duc, stupéfait. — Madame Crevette, ici ?… Qu’est-ce que vous dites ?

Stanislas. — Absolument !

Le Duc. — Vous l’avez donc invitée ?

Stanislas. — Moi ! (Avec un rictus amer.) Ah ! bien !

Le Duc. — Mais moi non plus ! non, vraiment cet aplomb de cette madame Môme ! S’introduire ici ! Je vais immédiatement lui faire dire… (Il passe au 2 en faisant mine de sortir, puis changeant d’idée.) Ou plutôt, non ! puisqu’elle est là, si donc j’abordais avec elle la fameuse question.

Stanislas. — Ma foi, Excellence.

Le Duc, ne pouvant se rendre à la réalité. — Mais vous devez vous tromper ! La môme Crevette, ici, ce n’est pas possible.

Stanislas. — Je me trompe ?… Tenez. (Prenant le Duc de dos par les deux épaules et l’amenant dans 1’embrasure de la baie du milieu pour lui indiquer un groupe qu’on ne voit pas. On sent qu’il se fait petit dans le dos du Duc pour ne pas être reconnu.) Jugez vous-même. Vous voyez ces trois dames ?

Le Duc. — Où ça ?

Stanislas. — Là ! là ! qui se dirigent de ce côté.

Le Duc. — Eh ! Par Dieu le père, mais oui ! (La Duchesse, madame Homelskoff et Sabine descendent en scène par la baie de droite et gagnent de biais le milieu de la scène. Le Duc et Stanislas, pour ne pas être vus par elles, gagnent furtivement et d’une enjambée la baie de droite en passant rapidement derrière le pilier, afin de pouvoir toujours se dissimuler derrière s’il le faut. Dans ce mouvement Stanislas a pris le 2 et le Duc, le 1. Le Duc, dans l’embrasure de la baie de droite, continuant pendant que les trois femmes bavardent à voix presque inintelligible.) Mais oui, c’est elle qui cause avec la Duchesse, parole.

Stanislas, regardant madame Homelskoff. — Ah ! c’est la Duchesse qui…