Bérézin, faisant de l’empressement. — Eh ! maître d’hôtel !
Arnold. — Monsieur ?
Bérézin. — Son Excellence vous appelle.
Arnold, se retournant du côté du Duc. — Son Excell… (Le reconnaissant et sursautant.) Lui !
Le Duc. — Dites-vous ?
Arnold. — Hein ? Non, je dis… ni… Monsieur, me dit que son Excellence… Alors je dis ni… ni…
Bérézin. — Eh bien ! ce n’est pas une façon de répondre, on ne dit pas "ni, ni", on dit : "Excellence ! "
Le Duc. — Allez donc une fois, je vous prie, dans la chambre de Sa Majesté et descendez à Monsieur l’uniforme du Roi.
Arnold. — Bien, Excellence. (Indiquant la porte de gauche.) C’est l’appartement du premier ?
Le Duc, confirmatif. — C’est le. (Comme s’il y avait : "c’est lui")
Arnold, s’incline et en sortant, à part. — Excellence !… Mon rival !… comme Paris est petit !
Il sort.
Le Duc, allant à Bérézin. — Ah ! je suis bien heureux, Bérézin.
Bérézin. — Moi aussi, Excellence.
Le Duc. Oui, mais je suis plus que vous !
Bérézin, courtisan. — Evidemment, Excellence, c’est hiérarchique !
Le Duc. — Oui ! (Remontant au seuil de la baie du milieu et voyant les tziganes.) Ah ! Messieurs les tziganes, bonjour. Vous répétiez tout à l’heure, j’ai entendu notre hymne national. Je vous félicite !… Vous avez bien compris les instructions ?… A l’entrée du Prince : une deux… (Sur l’air de l’hymne.) Tata !… tata ! tatata !… Vous attaquez, n’est-ce pas ?… ta ! ta ! ta ! ta ! tatata ! S’il vous plaît encore une fois que je m’en rende compte. (Le chef des tziganes s’incline et attaque la ritournelle de l’hymne.) Bien, très bien.
Chantant à mi-voix, en battant la mesure avec ses mains ouvertes pour indiquer le vrai mouvement aux tziganes.
Pravnié swani
Moyanieff
Bogustaff, Etienepaff
Trable vouja Yegorvi
Awedine Kowanoff
Yowané !
Yowané !
Séni wadia Wladénieff
Immédiatement parlé.
C’est très bien, messieurs ! Je suis ravi. (A Bérézin.) C’est étonnant, ces hymnes nationaux, comme c’est une chose rengaine au pays natal, et comme cela vous émeut sur territoire étranger.