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Saint-Etienne. — Ils sont étonnants, ma parole !

Viroflan, qui arrive, à Saint-Etienne. — Bonjour, vieux, ça va ?

Saint-Etienne. — Ca va… fatigué. Je crois que je vais aller me coucher.

Viroflan, riant. — Ah ! ah ! oui. Oh ! je la connais, celle-là. Je parie que dans deux heures vous êtes encore là.

Saint-Etienne. — Oh ! non !

Viroflan. — La flemme, alors ? Allons, à une autre fois !

Saint-Etienne. — Bonsoir.

Constant, le regardant partir. — Ca engueule les garçons, et ça fait flanelle.

Il regagne le bar.

Viroflan. — Bonjour, Eugène.

Eugène. — Bonjour, Monsieur le Comte.

Alice, au fond. — Chasseur, appelez-moi le groom.

Le chasseur salue et sort.

Viroflan. — Eugène ! Je suis fauché !

Eugène. — Eh bien ! ça ne vous change pas !

Viroflan. — Je voudrais trouver quelqu’un qui m’avançât cent mille francs sur ma bonne mine.

Eugène, remplissant le verre de Chaflard. — Je comprends ça, moi aussi.

Chaflard, l’arrêtant de verser. — Merci !

Viroflan. — Voyez-vous, Eugène, tout ça, c’est la République.

Le groom se présente à Alice, qui lui remet une lettre à porter. Après quoi, il se retire ; Eglantine et Liane, pendant ce qui précède, ont quitté les gens avec qui elles causaient et passant au-dessus de la 1re rangée de tables, sont arrivées à la table n° 2.

Liane. — Ah ! ben, prenons toujours la table.

Eglantine, à Viroflan. — Bonjour, Viroflan.

Elle va s’asseoir à la table n° 2, face au public.

Viroflan, à Liane et à Eglantine. — Bonjour, les gosses.

Liane. — Bonjour. (A Eugène pendant que Viroflan s’étend à la bonne franquette, les jambes allongées, le poids du corps sur les avant-bras, contre la table, de façon à ne pas masquer Liane.) Dites donc, Eugène, vous n’avez pas vu l’américain d’hier qui nous avait donné rendez-vous pour souper ?

Eugène. — Non, mais avec la pistache qu’il a prise, je doute fort…

Eglantine. — Oh ! il ne nous ferait pas ça !

Viroflan. — Ce serait dégoûtant !

Pendant ce qui précède, Chouchou est sortie du cabinet de toilette et en passant au-dessus de la 1re rangée de tables, tout en distribuant des poignées de main et des bonjours sur son passage, est arrivée jusqu’à la table de Liane et Eglantine.

Liane. — Ah ! Chouchou !

Chouchou, se glissant entre les tables 2 et 3. — Bonjour, mes petites.

Liane. — Toute seule ! Tu as donc lâché ton portugais ?

Chouchou. — Tu parles ! Un sauvage qui me fichait le trac ! non mais,