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Paginet. — Comment… il dira… !

Simone. — Parfaitement !

Paginet. — Ah ! oui !… permets…, c’est que ça change la thèse. Je ne veux pas du tout qu’on dise ça, moi !

Simone. — Pourquoi ?

Paginet. — Dame ! ça revient à dire que c’est Plumarel qui a tout fait. Et tu comprends que c’est embêtant si j’ai l’air d’être la créature de Plumarel.

Simone. — Oh ! créature !

Paginet. — Enfin si !… ça a quelque chose de vexant pour moi.

Simone. — En quoi ?

Paginet. — Mais en tout !… J’ai l’air de… ah ! non ! (Changeant de ton.) Enfin, entre nous, tu tiens donc bien à l’épouser cet homme-là ?…

Simone. — Oh ! mon oncle !

Paginet. — À l’épouser !… à l’épouser tout de suite, s’entend. Evidemment, je n’ai pas l’intention de renoncer à ce mariage, à moins que, plus. tard, il ne me fasse une chose pas propre. Mais enfin, il ne m’a encore rien fait !… Je ne peux pas dire le contraire.

Simone. — Ah ! vous en convenez !.

Paginet. — Seulement on pourrait peut-être attendre. Nous pourrions remettre cela à quelque temps.

Simone. — Oui !… à quelques semaines. Au mois prochain, par exemple !

Paginet. — Oui !… ou à l’an prochain. Enfin à un prochain près.

Simone. — Mais, c’est vrai !

Paginet. — D’abord, veux-tu que je te dise : je trouve ça plus digne de ma part. Comment, voilà un garçon qui me rend un service assez grand et il ne me l’a pas plutôt rendu que je m’acquitte immédiatement envers lui. C’est-à-dire que c’est presque de l’ingratitude. J’ai l’air de ne pas pouvoir supporter le poids de la reconnaissance.

Simone. — Mais oui !… et moi, étourdie qui allais comme ça, sans réfléchir, vous compromettre en l’épousant, vous faire taxer d’ingratitude !

Paginet. — Oh ! mais je ne t’en aurais pas voulu !

Simone. Oh ! je ne veux plus entendre parler de ce mariage d’ici longtemps.

Paginet. — Oh ! que tu es gentille !… Tiens, merci ! (Il l’embrasse.)

Joseph, entrant du fond. — Monsieur Plumarel

Simone. — Oh ! lui ! je vous laisse !

Paginet. — Oui, c’est ça. Je me charge de tout.

Simone, sortant à gauche, — Allons ! le voilà remis aux calendes grecques !

Scène XII

Paginet, Plumarel

Plumarel, un bouquet à la main. — Ah ! me voilà !… vous voyez !… J’apporte mon bouquet !… où est ma fiancée ?…

Paginet. — Votre fiancée ? Eh bien ! Vous savez, mon ami, j’ai beaucoup réfléchi ! Décidément je trouve Simone bien jeune.

Plumarel. — Bien jeune ?…

Paginet. — Oui, nous ne pouvons pas vous marier tout de suite.

Plumarel. — Mais pourquoi ?

Paginet. — je vous l’ai dit, parce que je la trouve trop jeune.