A Olympe.) Ah ! Monsieur a des maîtresses et me les amène à domicile… (Appelant.) Noémie !
Olympe. — Oh ! Mais nous leur montrerons de quel bois nous nous chauffons.
Emilienne. — Ah ! oui, nous leur montrerons ! (Appelant.) Noémie !
Noémie, accourant. — Madame ?
Emilienne. — Eh bien ! venez quand je vous appelle ! Allez ! habillez-moi ! Je sors.
Noémie. — Oui Madame.
Olympe. — C’est ça ! dépêche-toi ! Oh ! il me tarde… !
Emilienne. — Vite, le fard !
Noémie. — Quel fard ?
Emilienne. — Eh bien ! le fard : le rouge, le noir, le blanc ! tout ce qu’on avait acheté pour le dîner de têtes chez la Marquise… Vous savez bien.
Noémie. — Ah ! oui, il est dans le tiroir, là.
Emilienne. — Ah ! bon !
Elle cherche dans le tiroir.
Noémie. — Mais Madame ne va pas se farder !
Emilienne. — Pourquoi ça, je ne vais pas me farder ?
Noémie. — Pour sortir ? Mais Madame aura l’air de quoi ?
Emilienne, tout en se fourrant du rouge. — D’une hétaïre, allez ! dites le mot !
Noémie. — Je ne connais pas ça.
Emilienne. — Ah ! bien. C’est ce que nous voulons !
Olympe. — Oh ! oui.
Emilienne. — Ces Messieurs se moquent de nous ! eh bien ! nous leur montrerons que nous sommes de force à leur répondre.
Olympe. — Pensez que mon mari.
Emilienne. — Oui, ça va bien… Ah ! plus souvent que nous garderons la chambre, pendant qu’ils vont courir la prétentaine.
Olympe. — Ah ! non par exemple !
Emilienne. — Ils nous préfèrent des maîtresses. Eh bien ! nous leur montrerons que nous pouvons en être aussi… et ça, pour d’autres.
Olympe. — Oui ! Oui ! Ce soir, je suis à prendre.
Emilienne. — Et puisqu’ils vont aller faire les jolis cœurs dans les cabinets de restaurants, nous, nous irons faire les doux yeux dans les pourtours des jardins publics ! Ah ! vous voulez faire les gigolos ! eh bien ! nous ! aïe donc ! on va faire la cocotte !
Noémie, ahurie par ce flux de paroles. — Ah !
Emilienne, à Olympe. — Tiens ! v’la le rouge !
Elle lui tend le pot de rouge et prend le blanc.
RIDEAU