Mittwoch. — Ainsi vous, monsieur, qui ne me -connaissez pas…
Serge. — Ah ! pardon… de réputation.
Mittwoch. — Ah ! fraiment ! ah ! très flatté, monsieur.
Paulette, indiquant. — Monsieur est monsieur Serge de Vieuxville.
Mittwoch. — Quoi ! Monsieur le gomte ! Oh ! comme je chuis heureux… Si souvent ch’ai demandé à Paulette d’obtenir que vous me fassiez l’honneur de venir à mon cercle ! Je suis le propriétaire du Lutèce-Club.
Serge. — Oui, Oui, je sais ! surnommé "la belle Hellène ! "
Mittwoch. — Oui, ça, c’est les mauvaises langues ! S’il fallait croire tout qu’est-ce que l’on dit ! Pourquoi fous n’avez chamais foulu venir ?…
Paulette. — C’est pas faute de le lui avoir demandé.
Serge, cherchant des faux-fuyants. — Eh ! bien, vous savez, je suis habitué à mon cercle !
Paulette. — Il fait partie de l’Epatant !…
Mittwoch. — Ah ! l’Epatant !… oui, oui, c’est aussi un pon cercle.
Paulette. — Je te crois.
Mittwoch. — Oui, oui, ça faut dire comme ça est, che ne suis pas de ceux qui dépinent tout qu’est-ce qui n’est pas chez eux ; mais chez moi, c’est pien aussi. Y a ti monde très tistingué. Nous avons pour président le prince Actinescu, un descendant direct des anciens princes de Valachie, qui a droit au titre d’Altesse et de Monseigneur S.V.P. Ça, c’est quelque chose.
Paulette. — Tu parles !
Mittwoch. — Vous n’avez pas de desçendant des Princes de Valachie comme président à l’Epatant.
Serge. — Non, ça, je suis forcé de reconnaître… Mais, dites-moi, cet Actinescu…
Mittwoch. — Son Altesse.
Serge. — Son Altesse, oui. Est-ce qu’il, ou elle, comme vous voudrez, n’a pas eu autrefois une fâcheuse histoire de poussette ?
Paulette. — Ah, oui ! oui !
Serge. — A la suite de quoi il, ou elle, a dû démissionner des différents cercles dont il, ou elle, faisait partie.
Mittwoch. — Oui, ah ! ben, si vous allez chercher dans la vie des gens, à ce compte-là, personne, ni vous, ni moi…
Serge. — Ah ! permettez ! moi…
Mittwoch. — Oui ! t’accord ! t’accord ! mais vous êtes encore jeune… Or le prince, qui a une longue existence derrière lui… Et puis, quoi, "poussette, poussette", ça remonte à quatorze ans.
Paulette. — Oh ! ben, quatorze ans !
Serge. — Oui, il y a prescription.
Mittwoch. — Absolument ! D’ailleurs, chez moi, il ne joue jamais !… il touche mille francs par mois… il doit déjeuner et dîner, et c’est tout ce qu’il a à faire, par conséquent..
Serge. — Diable ! ça ne doit pas lui fatiguer les méninges !
Mittwoch. — On ne lui demande que de l’estomac. C’est un homme charmant. Ça t’est écal, Paulette, j’ai pris sur moi de l’inviter à décheuner ici.
Paulette. — Mais comment !
Mittwoch. — C’est son chour de repos hebdomadaire, à son Altesse… oui, parce que che lui donne un chour par semaine…, che suis conforme à la loi,… alors che lui ai dit : "puisque vous ne savez pas où déjeuner, venez donc chez Paulette" Alors il va venir, ça ne te dérange pas ?
Paulette. — Mais voyons ! quand il y en a pour sept, il y en a pour huit.