Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 4, 1948.djvu/92

Cette page n’a pas encore été corrigée

Paillardin, voyant la boîte ouverte. — Tiens !… Eh ! bien, mes cigares !

Bastien. — Monsieur l’expert ?

Paillardin. — Je dis : mes cigares !… La boîte était pleine tout à l’heure et il en manque la moitié !… Où sont-ils passés ?

Bastien. — Je ne sais pas, Monsieur !

Paillardin. — Comment, vous ne savez pas !… Ils ne sont pas partis tous seuls !

Bastien. — Je vois ce que c’est, monsieur : c’est les esprits !

Paillardin. — Ah ! ouat !… Vous me faites rire avec vos esprits !… Des esprits fumeurs ?…

Bastien. — Pourquoi pas !… Monsieur l’est bien !…

Paillardin. — Et tenez ! tenez ! mes peignes ! mes brosses ! tout sens dessus dessous !

Bastien. — Vous voyez bien, monsieur ! Vous voyez bien !

Paillardin. — Oui ! Je commence à être édifié sur la nature des esprits qui viennent ici !… Quelque malin rançonne tout le monde sous le couvert de revenants !…

Bastien, à part. — Il n’a pas de croyances, cet homme-là !

Paillardin. — C’est bien ! laissez-moi ! Je m’expliquerai demain avec votre patron.

Bastien. — Bien, monsieur ! Bonne nuit !

Paillardin. — Bonne nuit !

Bastien, passant sur le palier. — Ce que je donnerais pour que les esprits lui flanquent une bonne tripotée, à celui-là !

Il disparaît dans l’escalier.

Paillardin. — Il y a un filou ici, c’est clair ! il y a un filou ! (Regardant sa brosse.) Ils ont même laissé des cheveux après ma brosse.

Il remet la brosse et les peignes dans son sac.

Scène XV

Pinglet, sur le palier, Paillardin, à droite, Marcelle, à gauche

Pinglet, paraissant au fond, redescendant l’escalier. — Rien ! rien !… J’ai eu beau chercher !… Qu’est-ce qu’a pu devenir ce chapeau ?

Paillardin, regardant sur le lit. — Eh ! bien, et ma chemise ! Et mes pantoufles ! C’est ça, ils m’ont chauffé ma chemise et mes pantoufles !…

Il va accrocher son chapeau.

Pinglet, sur le palier. — Marcelle va me faire une scène, tant pis !… Je vais lui avouer la vérité.

Il entre à gauche.

Paillardin. — Ma foi, je vais me coucher tout habillé ! Comme ça, s’il se passe quelque chose, je serai plus vite debout !

Il s’étend sur le lit et se met à lire.

Marcelle, sortant du cabinet. — Ah ! vous voici !… Eh ! bien, mon chapeau ?

Pinglet, dramatique. — Marcelle ! Du courage !

Marcelle. — Pourquoi ?

Pinglet. — Je ne l’ai pas trouvé !… On l’a pris !