Justin. — A 1a bonne heure, parce que sans ça…
Eloi, à Francine qui n’a pas cessé de faire le service, ainsi que son frère, versant à boire, etc. — Je reprendrais bien de la salade… Eh ! la file… Eh ! (Francine ne bouge pas.) Eh ! là ! (A Justin.) Elle n’écoute pas, ta laquaite, dis donc !
Justin. — Eh bien ! Francine, t’entends pas ! Monsieur te demande de la salade !
Francine se précipite avec le saladier vers Eloi.
Eloi. — C’est mirifique !… Oh ! il n’y a pas, il faudra que j’essaye ça avec mon patron !
On sonne.
Justin, effrayé, en posant sa serviette. — On a sonné !
Eloi. — Oh ! ça est bien sûr le docteur avec sa file.
Justin, bondissant. — Ah ! mon Dieu, il faut que je les réveille !… Toi, va ouvrir !
Eloi. — Oui.
Il sort vivement par le fond.
Justin. — Vous, les autres, ici ! (Il les fait asseoir chacun à la place qu’il occupait primitivement.) Bien ! (Nouant sa serviette au cou de Boriquet.) Là ! mangez ! (Tous deux mangent.) Et maintenant réveillons-les ! (Il verse du vin à Boriquet et à Francine, pour se donner une contenance, puis il souffle sur leur front, l’un et l’autre se réveillent.) Là !
Puis il se tient droit et correct comme un domestique en service.
Boriquet, mangeant. — Il est bon, ce poulet !
Francine. — Très bon.
Eloi, entrant vivement. — Monsieur… ça est le docteur Valencourt et mademoiselle idem !
Boriquet, se levant vivement. — Eux ! (A Francine.) Vite, Francine, c’est ma fiancée et son père.
Justin. — Hein !
Francine. — Son père et sa fiancée ! Courons !
Ils sortent vivement.
Scène IX
Justin, Eloi
Justin, en replaçant la table près du petit meuble de gauche. — Qu’est-ce qu’il a dit ?
Eloi. — Il a dit "sa fiancée".
Justin. — Mais oui, il a dit "sa fiancée"… Ah ! c’est trop fort ! Ah ! il croit que je vais le laisser se marier.
Eloi. — Si c’est pas saligaud, à son âge !
Justin, en disant ce qui suit, il replace les couverts sur le petit meuble. — Oui, oh ! mais ça ne se fera pas !… Je suis là, moi… le vieux cachottier, il ne me le disait pas,… mais tu vas voir, mon bonhomme… Merci ! une femme ici ! pour troubler notre ménage ! pour me mettre des bâtons dans les roues, oui ! Ah ! bien ! qui est-ce qui ferait les chambres alors ?
Eloi. — Fais silence à c’t'heure, les voilà !