Dufausset. — Ah ! permettez.
Amandine. — Si, monsieur, comme une dinde ! Ne me contredisez pas, ce n’est pas poli !
Dufausset. — Ah ! Si vous tenez à dinde…
Amandine, repassant au premier plan. — Bon ! insultez-moi, à présent l’injure après le mépris.
Elle s’assied à gauche près du bureau.
Dufausset. — Ah ! mais elle m’ennuie à la fin !
Amandine, éclatant. — Ah ! Dufausset… Dufausset, vous avez déjà assez de moi ! vous me méprisez.
Dufausset. — Mais non… mais non, du tout. (À part.) Quelle bassinoire ! (Haut.) Voyons, vous n’avez pas dormi. Eh bien, je sais, c’est très ennuyeux.
Amandine. — Hélas !
Dufausset. — Mais ça ne sera rien, je connais ça, ça m’est arrivé aussi.
Amandine, avec un rayon de joie, se levant. — Vrai ! Dufausset ? ç’a t’est arrivé… ça vous est arrivé aussi. (À part.) Ah ! Il m’aime donc encore.
Dufausset. — Mais oui… n’est-ce pas, on est agité… on se tourne d’un côté et d’autre.
Amandine. — Oui, oui.
Dufausset. — On a trop chaud… la peau nous brûle… on retourne son oreiller… on ne sait pas comment se mettre… et puis on finit par se lever.
Amandine. — C’est bien ça.
Dufausset. — Eh bien, je sais ce que c’est… C’est le café… vous ne devriez pas prendre de café le soir.
Amandine. — Le café ! Oh ! l’infâme !
Dufausset. — Ma concierge à Bordeaux, ça lui faisait le même effet.
Amandine. — Ah ! tiens !… je te hais !
Elle sort par le fond.
Dufausset. — Ah ! tu… hein… (À part.) Qu’est-ce qu’elle a ! Ah ? non, elle n’est pas méchante, mais c’est la tête qui déménage.
Scène VII
Dufausset, Marthe
Marthe, venant de gauche. — Vous êtes encore là, monsieur ?
Dufausset. — Ah ! madame, expliquons-nous !
Marthe. — C’est inutile… monsieur Pacarel qui n’est pas intéressé dans la question a eu soin de vous dire votre fait.
Dufausset. — Mais je vous assure que je n’ai rien à me reprocher. Je suis arrivé à cinq heures précises dans la serre… et vous n’y étiez plus.
Marthe. — Rien que cela ! Trois heures de retard ! Si c’est cela que vous appelez être exact… Comment, vous venez à cinq heures quand on vous donne rendez-vous à deux ?
Dufausset. — Pardon ! non, pardon !… à cinq !
Marthe. — À deux ! voyons, vous le savez bien !
Dufausset. — Ah ! mais non ! à cinq ! je le sais bien aussi, j’ai compté les raies.
Marthe. — C’est que vous ne savez pas compter.