Dufausset. Eh bien !… qu’est-ce qui vous prend ?
Ensemble.
Pacarel :
Coucou ! Ah ! le voilà !
Coucou ! Ah ! le voilà
Coucou ! Ah ! le voilà !
Landernau :
Colimaçon borgne,
Montre-moi tes cornes !
Dufausset. — Ah ! le signal !… c’est le signal !… Ah ! bonheur ! Elle accepte…
Pacarel. — Vous voyez comme il s’agite !…
Landernau. — C’est le commencement de la crise !…
Dufausset. — Pauvre femme… elle craint que son mari ne suffise pas… elle a pris du renfort…
Pacarel. — Eh bien !… ça va-t-il ? Eprouvez-vous quelque chose ?
Dufausset. — Ah ! je crois bien… il me semble que tout se dilate en moi.
Pacarel. — C’est bien cela..
Landernau. — C’est incroyable !…
Pacarel. — Blaguez donc les empiriques…
Landernau. — Il faudra que j’essaye cela avec mes malades.
Pacarel et Landernau, reprenant ensemble, en agitant leurs mouchoirs. — Coucou ! Ah ! le voilà ! — Colimaçon borgne, montre-moi tes cornes !
Dufausset, les voyant qui agitent leurs mouchoirs en reprenant leur refrain. — Ah ! mais, ne vous fatiguez pas… ça suffit !…
Pacarel. — Laissez donc… plus il y en aura, mieux ça vaudra.
Il donne d’un air malicieux une bourrade dans l’estomac de Dufausset, tout en pivotant sur lui-même, puis remonte au fond en passant entre la table de gauche et le mur, de façon à ce que Dufausset puisse voir les raies tracées dans son dos, au moment opportun.
Landernau. — Mais oui… c’est pour votre bien…
Même jeu que Pacarel ; il remonte en passant à droite, entre le canapé et le mur.
Dufausset. — Ah ! c’est pour… il est étonnant ce mari… (Voyant les deux raies dans le dos de Pacarel.) Une… deux… le rendez-vous est à deux heures.
Pacarel, redescend et le cinglant de son mouchoir. — Coucou… Ah ! le voilà !
Dufausset, apercevant le dos de Landernau. — Une…. deux… trois… Allons, bon… il y en a trois là… Ah ! çà !… Est-ce deux… est-ce trois ?
Landernau, redescend en agitant son mouchoir. — Colimaçon borgne…
Dufausset. — Eh ! non, elle a partagé entre les deux hommes… Il faut additionner… C’est deux et trois… deux et trois…
Pacarel. — Cinq… Deux et trois… cinq !…
Dufausset. — C’est bien ça… cinq… c’est à cinq heures… Ah ! je suis bien heureux !… (Il chante à gorge déployée.) "À moi les plaisirs, les jeunes maîtresses !"
Pacarel, avec admiration. — Il chante !
Dufausset. — "À moi leurs caresses, à moi leurs désirs !"
Landernau, même jeu que Pacarel. — Il a retrouvé sa voix.