Scène XIII
Pacarel, Landernau, Amandine
Amandine, venant de droite, premier plan, suivie de Landernau. À Landernau. — Ainsi… tu as bien compris ?… tu agiteras ton mouchoir bien fort…
Landernau, il a trois raies dans le dos et tient son mouchoir à la main. — Oui… oui… Bibiche !… (À part, passant au deuxième plan.) Ah ! par exemple, si ce remède là réussit… je renonce à la médecine…
Il agite machinalement son mouchoir.
Pacarel, à part, agitant son mouchoir. — C’est idiot !… Dieu !… que les femmes sont bêtes !
Amandine. — J’ai fixé à trois heures !… v’lan !… trois raies !… c’est l’heure où mon mari ronfle ! (Haut.) Je te laisse. Elle sort, premier plan droite.
Scène XIV
Pacarel, Landernau, puis Dufausset
Moment de silence. Ils se regardent, étonnés de se voir l’un et l’autre un mouchoir à la main.
Pacarel. — Eh ! bien ! Qu’est-ce que tu fais avec ton mouchoir à la main ?
Landernau. — Eh bien !… et toi ?
Pacarel. — Moi ?… rien… j’attends que j’éternue…
Landernau. — Ah ! bien, moi… tu n’as pas idée comme c’est bête !… C’est Dufausset que j’attends avec…
Pacarel. — Vrai ?… Eh bien !… veux-tu que je te dise… moi aussi…
Landernau. — Il paraît qu’en agitant le mouchoir, ça rend la voix.
Pacarel. — Oui… précisément.
Landernau, à part. — Comment… ça serait vrai ?…
Pacarel. — Lui… un homme de science… ça me rassure…
Landernau. — Alors… il suffit d’agiter…
Pacarel. — Oui… en disant trois fois : "Coucou… Ah ! le voilà !"
Landernau. — Ah ! non !
Pacarel. — Si !
Landernau.- Non… Bibiche ne m’a pas parlé de ça…
Pacarel. — C’est qu’elle a oublié…
Landernau. — Pas du tout, elle m’a dit qu’il fallait chanter : "Colimaçon borgne, montre-moi tes cornes !"
Pacarel, à part. — Ah !… il y a peut-être des variantes… il y a tant de branches dans la médecine.
Landernau, à part ; il remonte légèrement. — Ah ! bien… elle est bien bonne !…
Pacarel, à part. — Je ne l’aurais jamais cru…
Landernau. — Attention !… le voilà !…
Dufausset. — Là… Etes-vous content ?… je les ai tués, vos hannetons…
Pacarel et Landernau agitent leurs mouchoirs.