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Elle défait l’épingle qui attache son voile par derrière.

Gentillac et Fauconnet. — Oui !

Gentillac. — Oui ! nous sommes sans pitié !

Il lui prend la taille.

Fauconnet, lui faisant lâcher prise. — Mais sacristi ! tu m’ennuies ! Je te dis qu’elle est à moi !

Artémise va à la cheminée.

Gentillac, voulant revenir à la charge. — Ah ! fallait pas m’inviter !

Fauconnet. — Ah ! mais tu sais, Gentillac !

Artémise, qui a défait son voile et laisse voir son visage ridicule et ridé. — Allons ! voyons, ne vous disputez pas pour moi.

Fauconnet, se retournant, ainsi que Gentillac, aux paroles d’Artémise. — Mais enfin ! (Ils restent cois à la vue d’Artémise et l’effarement se lit sur leur visage. Ils lui sourient bêtement pour dissimuler leur impression puis l’un et l’autre font la même grimace de déception.) Elle est laide !

Les yeux de Fauconnet et de Gentillac se rencontrent, ils font en se regardant un hochement de tête significatif.

Gentillac, refoulant un éclat de rire. — Je vais me laver les mains !

Il sort de droite en dissimulant le rire qui l’étouffe, Artémise s’asseoit à la table.

Scène XI

Les Mêmes, moins Gentillac, puis Joseph

Fauconnet. — Comment ! il m’abandonne ! (Ses yeux rencontrent le visage d’Artémise. A part, découragé.) Oh ! nom de Dieu !

Artémise, souriant. — Eh bien ?

Fauconnet, souriant avec embarras. — Eh bien ! Hé ! Hé ! Enfin, nous allons souper.

Artémise. Dites-moi que vous ne me méprisez pas…

Fauconnet. — Mais non, mais non… Seulement il faut souper vivement, hein ! que nous en finissions !

Artémise. — Allons ! Soupons !

Fauconnet, s’asseyant. — C’est ça ! Voyons, qu’est-ce qu’on va manger ?

Ils sont assis, Artémise à gauche de la table, Fauconnet face au public, laissant la place en face d’Artémise libre pour Gentillac.

Artémise, s’asseyant. — Là.

Elle porte son binocle sur son nez, à la hauteur des narines.

Fauconnet, la voyant avec son binocle. — Oh ! non, le binocle c’est le coup de grâce ! Oh ! quelle tête elle a avec ça !

Artémise. — Eh bien ! sert-on ?

Fauconnet, se levant. — Hein ? Oui, ma cocotte, oui, ma cocotte !… Tenez, voilà le garçon.

Il descend à droite. Un garçon apportant des huîtres apparaît derrière Joseph. Il sert celles d’Artémise et de Fauconnet, Joseph sert celles de Gentillac. Le Garçon sort.