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Fauconnet. — Raison de plus ! Plus on est de fous, plus on rit… Qui est sa maîtresse ?

Gentillac. — Bambochette… la petite Emilie !

Fauconnet. — Emilie ?… Connais pas !… Vilain nom !

Gentillac. — Pourquoi vilain nom ?

Fauconnet. — Je ne sais pas, c’est peut-être parce que notre femme de chambre s’appelle comme ça !… Ils sont à la Maison d’Or, tu dis ?

Gentillac. — Oui !

Fauconnet, tout en écrivant sur une autre carte. — Attends !… Veux-tu sonner ?

Gentillac. — Oui !

Fauconnet. — Et maintenant l’adresse sur l’enveloppe. (Ecrivant.) "Monsieur Rigolin, à la Maison d’Or."

Il se dispose à mettre la carte dans l’enveloppe.

Gentillac. — Qu’est-ce que tu lui dis ?

Fauconnet. — Tiens, lis.

Il lui tend la carte.

Gentillac, lisant. — "Nous soupons au Café Anglican avec Gentillac, viens nous retrouver. — Amène Emilie ! "

Fauconnet, qui, pendant ce qui précède, a pris l’autre carte sur la table et l’a mise dans l’enveloppe qu’il n’a pas quittée des mains, sans s’apercevoir qu’elle est adressée à Rigolin. — Ca va ?

Gentillac. — Parfait.

Scène VIII

Les Mêmes, Joseph, puis le Chasseur

Joseph. — M. le Baron a sonné ?

Fauconnet, achevant de mettre sous enveloppe les deux lettres. — Oui !…

Joseph. — M. le Baron désire ?

Fauconnet. — Allez dire au chasseur… (à part) "M. le Baron." (haut) que le Baron Fauconnet le demande.

Joseph. — Bien, M. le Baron !

Il sort.

Gentillac. — Eh bien, dis donc… ça te gagne ?

Fauconnet. — Quoi ?

Gentillac. — Tu te donnes aussi du Baron Fauconnet ?

Fauconnet. — Où ça ? Quoi ? Mais non, mais non,… c’est pour le garçon, tu comprends… ça évite les explications… Il m’appelle Monsieur le Baron… il faudrait lui expliquer que je ne le suis pas… Alors, des "quoi ? " des "qu’est-ce ! " Tandis que moi, il m’appelle "Baron Fauconnet", je lui dis "Baron Fauconnet"… Ca ne dérange pas le service !…

Il se lève.

Gentillac. — Ah ! voilà !

Fauconnet. — Mais dame !

Gentillac, à part. — Décidément, le maître d’hôtel connaît le cœur humain !…

Il remet le buvard sur la cheminée.