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Scène première

Un cabinet particulier au Café Anglais. Porte au fond donnant sur l’escalier du restaurant. Mobilier ordinaire des cabinets particuliers, glaces rayées, candélabres de cuivre sur la cheminée, piano fatigué et faux. Une table servie, fauteuil, canapé, etc. A droite, deuxième plan, porte donnant sur un cabinet de toilette.

Joseph, puis Rigolin et Emilie Bamboche

Au lever du rideau, Joseph achève de mettre le couvert. Par la porte du fond, qui est entr’ouverte, et donne sur le hall où est la caisse, on voit un va-et-vient de garçons faisant le service, portant des plats. Voix dans la coulisse : "Trois douzaine d’Ostende au 14. Sommelier, une veuve pour le 10, etc". Joseph, qui a essuyé les verres, ne sachant où mettre la serviette qu’il a salie, la fourre sans rien dire dans le piano et poursuit son ouvrage. Apparaît Rigolin, en par-dessus, collet relevé, la canne dans sa poche et le chapeau sur la tête, il est suivi d’Emilie Bamboche et tout en marchant, il cause avec elle, de sorte qu’il ne regarde pas devant lui. On n’entend pas leur conversation, mais ils rient tous les deux comme deux jeunes gens en fête. Un garçon qui porte un plateau chargé d’huîtres, et qui marche également en regardant en arrière, se cogne contre Rigolin et lui renverse son plateau sur lui.

Rigolin. — Merci, mon ami !

Le Garçon. — Oh ! pardon, Monsieur !

Rigolin. — Faudra pas les mettre sur l’addition, celles-là, garçon !