man et, tout en parlant, se tapote l’estomac avec les autres doigts libres. — Que tu trouves que ça manque de musique, les ballets ?
Mme Pinchard, qui a suivi le mouvement de ses mains. — Oh ! beaucoup mieux ! C’est calmé à présent ! C’était dans le train que ça n’allait pas !
Rédillon et Armandine se regardent.
Pinchard. — Ah ! oui !… Non, ça, c’est autre chose ! Telle que vous la voyez, elle vous parle de son ventre… Elle est sujette à de petites crises hépatiques, et ça va mieux maintenant. Allons, tant mieux, tant mieux ! C’est un peu décousu !… Faut s’y faire, faut s’y faire !
Armandine. — Allons, monsieur, je ne veux pas vous retarder plus longtemps ! Tu es prêt, Ernest ? (À Pinchard.) Monsieur !
Elle salue et remonte à la cheminée.
Pinchard. — Madame, ravi ! Monsieur, enchanté !
Rédillon. — Ah ! monsieur, pas plus que moi, certes ! Je n’ai même qu’une chose à vous dire…
Pinchard. — Quoi donc, monsieur ?
Rédillon. — Figurez-vous, monsieur, que mon meilleur ami s’appelle Vatelin.
Pinchard, interloqué. — Ah !
Rédillon. — Oui.
Pinchard. — Oui !… Mon Dieu, monsieur, une confidence en vaut une autre, mon meilleur ami, à moi, monsieur, s’appelle Piedlouche.
Rédillon, interloqué à son tour. — Ah !
Pinchard. — Oui.
Rédillon. — Oui ! (À part.) Qu’est-ce qu’il veut que ça me fasse ?
Armandine redescend.
Pinchard. — Enchanté, monsieur ! Je ne vous en remercie pas moins, monsieur.
Rédillon. — Monsieur !
Rédillon et Armandine, à Mme Pinchard. — Madame ! Mme Pinchard ne bouge pas.
Pinchard, donnant une tape sur le bras de sa femme. — Coco ! (Mme Pinchard se retourne vers son mari.) Monsieur et madame te disent au revoir !
Mme Pinchard. — Quoi ?
Pinchard, hurlant. — Monsieur et madame te disent au revoir.
Mme Pinchard. — Je n’entends pas !
Pinchard. — C’est juste ! Attends ! (Articulant simplement par le mécanisme des lèvres sans qu’on entende le son de sa voix.) Monsieur et madame te disent au revoir.
Mme Pinchard. — Oh ! pardon ! Au revoir, madame ; au revoir, monsieur !
Rédillon, à Armandine. — Ah ! ça ! c’est curieux !… Elle n’entend que quand nous n’entendons plus, nous !…
Pinchard. — Voilà !
Armandine. — Tu viens, Ernest !
Rédillon. — Voilà !
Ils remontent un peu.
On frappe à la porte.
Tous, sauf Mme Pinchard. — Entrez !
Victor, à Armandine. — Madame n’a plus rien à faire porter ?