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Armandine. — Vous enverrez prendre ma malle pour qu’on la transporte !

Le Gérant. — Oui, madame ! (Il sort mais s’arrête sur le pas extérieur de la porte, parlant à quelqu’un qu’on n’aperçoit pas.) Monsieur ? (Bruit de voix.) Oui, monsieur, c’est ici, je vais voir, monsieur.

Il redescend.

Armandine. — Qu’est-ce que c’est ?

Le Gérant. — Un monsieur pour madame…

Armandine. — Quel monsieur ?

Le Gérant. — Je ne sais pas ! Je vais lui demander…

Armandine. — Oh ! pas la peine, qu’il entre ! Je le verrai bien !

Le Gérant. — Si monsieur veut entrer !

Il s’efface pour laisser passer Rédillon et sort.

Scène III

Armandine, Rédillon

Rédillon, de la porte. — Bonjour !

Armandine. — Vous !

Rédillon. — Moi.

Il descend et pose son chapeau sur la cheminée.

Armandine. — Ah ! ben vrai !… Vous savez ! ça ! eh ! bien ! vrai !

Rédillon. — Voilà comme je suis, moi !

Armandine. — Et ça va bien depuis l’autre fois ?

Rédillon. — Très bien ! Vous permettez ?

Armandine. — Quoi ?

Rédillon contracte sa bouche en rond pour lui montrer qu’il veut l’embrasser.

Armandine. — Oui ! oui !

Ils s’embrassent sur les lèvres.

Rédillon. — C’est bon !

Armandine. — Tu m’aimes donc ?

Rédillon. — Je t’adore !

Armandine. — T’es pas long !… Comment que tu t’appelles ?

Rédillon. — Ernest !

Armandine. — Ernest quoi ? T’as bien un autre nom ? Ton père t’a pas reconnu ?

Rédillon. — Si, si, si ! Rédillon !

Armandine. — C’est bête ce nom-là !

Rédillon. — Il y a si longtemps qu’on le porte dans ma famille.

Armandine. — D’ailleurs, ce n’est pas le nom qui fait l’homme, n’est-ce pas ? Regarde-moi. Tu es joli, tu sais ! (Rédillon fait une moue). Tu ne sais pas ce que je trouve ?

Rédillon. — Non !

Armandine. — Tu ressembles à mon amant !

Rédillon. — Ah !

Armandine. — On ne te l’a jamais dit ?

Rédillon. — Non ! Qu’est-ce que c’est que ton amant ?

Armandine, le repoussant. — Comment ce que c’est que mon amant ! mais c’est un type très chic, tu sais !… C’est le baron Schmitz-Mayer.

Elle va s’asseoir sur le canapé.