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Vatelin. — Eh ! bien, oui, j’étais veuf, puisque j’avais laissé ma femme à Paris,… c’est une façon de dire.

Maggy. — Alors… alors… what ? C’est fini ensemble ?

Vatelin. — Voyons, Maggy, soyez raisonnable.

Maggy. — Et vous rehaimerez moâ plus… plus jamais ?

Vatelin. — Si, quand j’irai à Londres ! là !

Maggy, éclatant en sanglots et passant n° 2. — Aoh ! Crépine ne me haime plus ! Crépine ne me haime plus.

Vatelin, courant à la porte de Lucienne. — Mais taisez-vous donc, ma femme peut vous entendre !

Maggy. — Ce m’est égal !

Vatelin, descendant. — Oui ! mais pas à moi ! Voyons ! je vous en supplie, un peu de raison ! Certainement, je suis très touché, mais, enfin, ce roman ébauché à Londres n’avait jamais dû être éternel. Quoi ! j’avais fait votre connaissance pendant la traversée, vous aviez le mal de mer, j’avais le mal de mer, nos deux cœurs étaient si troublés qu’ils étaient faits pour se comprendre, ils se comprirent. À Londres, vous vîntes me voir tous les jours à mon hôtel, je fis la connaissance de votre mari avec qui je me liai et ce qui devait arriver arriva. Eh ! bien, contentons-nous de nous rappeler ce beau temps-là, sans essayer de le recommencer. Aussi bien, ici, je n’en ai pas le droit,… là-bas, j’avais une excuse ! Il y a des choses qu’on peut faire d’un côté du détroit et qu’on ne peut pas faire de l’autre !… J’avais un bras de mer entre ma femme et moi, ici je ne l’ai plus… Eh ! bien, faites comme moi… ayez l’abnégation que j’ai !… oubliez-moi ! Il y a d’autres beaux hommes que moi à Londres.

Maggy. — Oh ! non, no ! je pouvais pas !… Je souis une femme fidèle… j’ai eu un amant, je n’en aurai pas d’autres !

Vatelin. — Allons ! voyons, fidèle… oui, jusqu’à un certain point, car enfin… votre mari…

Maggy. — Bien quoi ! j’ai toujours la même !

Vatelin. — Ah ! bon, comme ça !

Maggy. — No, no ! une seule mari, un amant seul !…

Vatelin. — Bien ! bien ! si c’est un principe !…

Maggy, brusquement. — Alors, Crépine… Crépine !… vous voulez plus moâ ?

Vatelin. — Mais voyons ! rendez-vous compte !…

Maggy. — Well ! well !… Adieu, Crépine !

Vatelin, allant ouvrir la porte du fond. — Adieu, chère madame, adieu ! Par ici !

Maggy, tombant sur un siège. — Ah ! je me doutéi de cette chose ! Quand je recevai pas de réponses à mes lettres,… aussi je avais déjà préparé un écrit pour mon mari. Je vais lé envoyer à loui.

Vatelin. — Aha !

Maggy, tirant une lettre et lisant. — "Good bye dear, forget me. I am only a guilty wife, who has now nothing left but death. I have been Mr. Vatelin’s mistress, twenty-eight Thremol Street, who has forsaken me, and now I will kill myself !

Vatelin. — Eh ! bien, ça me paraît très bien ! Envoyez-lui ça !… Qu’est-ce que ça veut dire ?

Maggy. — Vous comprend pas ? Aoh !… (traduisant.) Adieu, cher, oublié moâ ! Je suis qu’une femme coupable qui a plous qu’à mourir !…

Vatelin. — Hein !

Maggy. — J’ai étéi la maîtresse de Mr. Vatelin, 28, rue Thrémol…