Marcelle. — Non, non, ça suffit ! Puisque je ne suis plus maîtresse chez moi !… Puisque entre ma femme de chambre et moi, tu donnes raison à ma femme de chambre… ça va bien ; je sais ce qui me reste à faire.
Follbraguet. — Mais ne t’emballe donc pas tout de suite, mon Dieu ! Ah !
Marcelle. — Oh ! je ne m’emballe pas… Seulement, je prends le parti que ma dignité me commande, je quitte la maison.
Follbraguet. — Voyons, Marcelle…
Marcelle. — Non, non, c’est inutile ! Je m’en vais…
Follbraguet. — Ah ! Et puis, va-t’en, après tout, je ne te retiens pas…
Marcelle, remontant. — N’aie pas peur, tu n’auras pas à me le dire deux fois. Ah ! non, par exemple !
Follbraguet, à Hortense. — Quel caractère !
Hortense. — Monsieur est un saint !
Marcelle, redescendant. — Et même, je te laisse ma chambre… Tu pourras y installer Hortense, comme cela, tu seras plus près pour coucher avec ta bonne !
Follbraguet. — Quoi !
Hortense. — Qu’est-ce que Madame dit ?
Marcelle. — Au revoir !
Follbraguet. — Elle est folle ! Elle est complètement folle !
Hortense. — Ah ! mais non ! Ah, mais non ! Je n’admets pas qu’on me parle comme ça.
Follbraguet. — Mais ne faites pas attention…
Hortense. — Ce n’est pas parce qu’on n’est qu’une femme de chambre qu’on a le droit de tout lui dire.
Follbraguet. — Oui !… Et voilà ma vie, ma fille, voilà ma vie…
Hortense. — C’est possible que ce soit la vie de Monsieur, mais ce ne sera pas la mienne ! Je m’en vais, monsieur ! Je m’en vais !
Follbraguet. — Quel enfer, mon Dieu ! quel enfer ! (On frappe à la porte.) Entrez !
Scène VII
Adrien. — Monsieur, il y a là un monsieur qui vient pour une fluxion.
Follbraguet. — Ah ! il m’embête !
Adrien, voyant Hortense qui remonte en pleurnichant. — Qu’est-ce que tu as ?
Hortense, le repoussant légèrement, mais avec humeur, tout en passant devant lui pour sortir. — Rien, laisse-moi !
Adrien. — Mais si, quoi ?
Voix d’Hortense. — Mais rien…
Follbraguet. — Oh ! oh ! oh ! (Il remonte jusqu’à la porte du fond dont le battant est resté ouvert.) Qu’est-ce que vous voulez, Monsieur ?