Scène II
L’Huissier, Premier Municipal, Édouard, Gabrielle
Édouard, entrant de droite avec Gabrielle, en se croisant avec la foule qui sort. — Du courage, Gabrielle, du courage !
Gabrielle. — Du courage, c’est bien facile à dire !
Édouard. — Mais je vous répète que Charançon ne plaide pas pour Caponot, c’est un prétexte qu’il a pris.
Gabrielle. Tout ça, c’est vous qui le dites !
Édouard. — Mais non, ma chère. Pour plus de sûreté, j’ai été m’informer au greffe. J’ai demandé quel était l’avocat de M. Caponot ? On m’a répondu : M. Caponot n’est que témoin. Il n’a pas à avoir d’avocat.
Gabrielle. — C’est égal, mon mari peut venir au Palais assister à notre affaire. Ah ! Édouard, je vous en prie ! Il faut absolument que vous obteniez la remise à quinzaine.
Édouard. — Mais oui, je vous dis…, je cours jusqu’à la salle des Pas Perdus, j’y trouve mon avocat, et je lui dis de demander ça au président. Attendez-moi un instant.
Gabrielle. — Ici ?
Édouard. — Oui, vous avez raison. (À l’huissier.) Pardon, monsieur… Il n’y a pas une salle où Madame pourrait attendre ?…
Le Greffier, indiquant la porte du fond à droite. — Madame peut attendre dans la salle des témoins.
Édouard. — Ah ! Merci, monsieur. (Remontant avec Gabrielle.) Venez !
Ils sortent par le fond à droite, accompagnés de l’huissier.
Scène III
Premier Municipal, puis Charançon, Caponot et Gratin
Le Municipal. — Gentille, la petite dame… Il ne doit pas s’ennuyer, le particulier.
Charançon, en robe d’avocat, suivi de Gratin également en robe et de Caponot, entre de droite. Le municipal sort par la droite, aussitôt après l’entrée des trois personnages.
Charançon, à Caponot. — Enfin, ce n’est pas tout ça, racontez-moi un peu votre procès. Qu’est-ce que ça, l’affaire Édouard ?
Caponot. — C’est une histoire de flagrant délit.
Gratin, — C’est croustillant ?
Caponot. — Non, c’est mon frère qui a reçu une gifle.
Charançon. — Bon !… De qui ça, la gifle ?
Caponot. — Eh bien, de Mme Édouard qui soupait avec son amant en cabinet particulier.
Charançon et Gratin, riant. — Ah ! ah ! ah !
Caponot. — Vous savez, ce n’est pas parce que je suis la partie adverse, mais si elle n’avait pas la main si vive, elle serait gentille, Mme Édouard.
Charançon. — Vraiment ! elle est gentille !