Édouard. Oh ! quelle position !… mon Dieu, quelle position !
Il ramasse les huîtres comme les autres.
Charançon. — Ah ! ah ! vous ne vous attendiez pas à me voir, hein ?
Édouard. — Oh ? ça ! non par exemple ! Enfin, vous m’aviez dit que vous ne viendriez pas ici, que vous iriez à l’Hôtel du Congo !
Charançon. — Oui, mais j’ai réfléchi ! Ici on est plus tranquille.
Édouard, à part. — Plus tranquille, et sa femme… Oh ! pourvu qu’il ne lui prenne pas l’idée de sortir.
Machinalement, ne sachant plus ce qu’il fait, au lieu de remettre les huîtres qui sont par terre dans le plateau, il en enlève du plateau, et les met par terre.
Charançon. — Ah ! mon cher… (Voyant le manège d’Édouard.) Eh ! bien dites donc, qu’est-ce que vous faites ? Ce n’est pas sur le tapis qu’il faut les mettre, c’est sur le plateau.
Édouard. — Oh ! pardon !
Charançon, riant, — Oh ! mais, dites donc, faudra surveiller ça, vous savez ! (Changeant de ton.) Qu’est-ce que je voulais donc dire… Ah ! oui, mon cher ! Je suis un grand scélérat !
Édouard, riant jaune. — Ah ! vous ! (À part.) Si seulement je pouvais l’enfermer !
Il se dirige à quatre pattes vers la porte du salon.
Charançon. — Eh bien ! où allez-vous ! Il n’y a pas d’huîtres par là.
Édouard. — Non, non, en effet !
Samuel. — Les huîtres sont ici.
Édouard. — Oui ! Oui. (À part.) Oh ! la la la la !
Charançon, se relevant ainsi que les autres, — Là ! Ça y est… (À Édouard.) Oui, mon cher, je suis un grand scélérat ! je triomphe sur toute la ligne ! Miranda est ici.
Édouard. — Ici ! Ah bien ! il ne manquait plus que ça !
Charançon. — Aussi vous comprenez mon émotion tout à l’heure.
Édouard, très agité, ne sachant ce qu’il dit. — Oui, oui, c’est très drôle !
Charançon. — Très drôle, oui, maintenant que c’est passé ! Voyez-vous ma femme tombant au milieu de cette partie fine…
Édouard, l’esprit ailleurs. — Ah ! oui, ce serait très drôle, très drôle.
Charançon. — Mais non ! ce ne serait pas drôle ! (À part.) Qu’est-ce qu’il a donc à trouver tout drôle ? (À Édouard.) Tenez ! Vous voyez… ici, nous déjeunons ! et puis alors, pour le café, et… le pousse-café ! nous serons très bien par là dans le salon.
Il se dirige vers la porte de droite, premier plan.
Édouard, se précipitant vers lui. — Non ! non ! pas par là !
Charançon. — Pourquoi pas par là !
Édouard. — Parce que… ça sent le moisi.
Charançon. — Eh bien ! si ça sent le moisi, nous ouvrirons.
Il fait de nouveau mine d’entrer dans le salon.
Édouard, vivement le retenant. — Non ! (Lui montrant la porte de gauche premier plan par où est entrée Gabrielle précédemment.) Non, tenez… par ici… vous serez bien mieux, venez !
Il l’entraîne.