Gratin, — Non !
Charançon, — Il a fait ses études et il ne sait pas faire la mayonnaise.
Gratin. — Eh bien, et toi ?
Charançon. — Oh ! moi !… Moi non plus ! Eh bien, sais-tu ? Nous allons essayer tout de même ! Nous allons la faire d’intuition.
Gratin. — Chacun de notre côté.
Charançon. — Un concours de mayonnaise.
Gratin, récapitulant. — Je vais prendre de l’huile…
Charançon, récapitulant. — Des œufs ! du beurre ! Est-ce qu’on met du beurre ?
Gratin. — Non. Je crois que c’est de la farine !
Charançon. — Eh bien, toi, tu mettras de la farine et moi du beurre !
Gratin. — C’est ça, nous verrons bien ce que ça fera, seulement ça ne fera peut-être pas de la mayonnaise !
Charançon. — Eh bien, tant mieux ! nous aurons inventé une sauce ! la sauce Charançon !
Gratin. — Tiens ! pourquoi pas la sauce Gratin ?
Charançon. — Parce que… parce que Gratin… c’est déjà un plat. On ne peut pas mettre du gratin partout !
On sonne.
Samuel, sortant par le fond. — Voilà ! Voilà !
Charançon. — Ah ! mon ami ! ce doit être Miranda ; toi, va faire la mayonnaise !
Gratin. — Oui, je vais concourir tout seul.
Il entre à la cuisine.
Samuel, annonçant. — Madame Miranda !
Il introduit Miranda.
Miranda. — Bonjour, mon petit Charançon.
Charançon. — Ah ! Cette bonne Miranda ! (À Samuel.) Laisse-nous, toi !
Samuel, sortant par le fond. — Monsieur, je veille.
Scène IV
Charançon, Miranda
Charançon. — Miranda !
Miranda. — Charançon !
Charançon, lui faisant signe de s’asseoir et allant lui-même chercher une chaise pour lui dans le fond. — Tu es venue ! que c’est gentil ! Ah ! j’ai été bien déçu, hier, moi qui me faisais une fête d’un petit souper !
Miranda. — Ah bah ! ça serait passé ? et nous n’aurions pas le plaisir de déjeuner !
Charançon. — Au moins j’espère bien que tu me consacres toute ta journée !
Miranda. — Ah ! non, mon bon !
Charançon. — Comment ?
Miranda. — Et mon art, donc !
Charançon. — Ton art donc ?
Miranda. — Eh bien, oui ! J’ai ma répétition ! Eglantine doit venir me chercher ici !