Page:Feydeau - On purge bébé !, 1910.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Julie, lui coupant la parole.

Ça m’est égal !… C’est ainsi qu’on m’a appris à faire tout par moi-même !… et à ne compter que sur moi ! parce qu’on ne sait jamais, dans la vie, si on aura toujours des gens pour vous servir.

Elle gagne la gauche avec dignité.
Follavoine, hausse les épaules, lève les yeux au ciel, puis.

Tes bas !

Julie

Ah ! Zut ! (Sans prendre la peine de s’asseoir, elle relève vivement ses bas en se mettant successivement sur une jambe et sur l’autre, puis reprenant.) — J’ai été dressée à ça toute petite ; si bien que c’est devenu chez moi comme une seconde nature. (S’asseyant sur le fauteuil à droite de la table.) Maintenant est-ce un bien ? Est-ce un mal ? (S’accoudant sur le rebord de la table, la tête appuyée sur la main.) Je ne peux dire qu’une chose : je tiens ça de ma mère.

Follavoine, occupé à parcourir ses papiers et sans aucune intention.

Ah !… ma belle-mère.

Julie, la tête à demi-tournée vers Follavoine et sur un ton pincé.

Non !… « ma mère » !

Follavoine, de même.

Eh ! bien, oui ; c’est la même chose.

Julie, sur le même ton.

C’est possible ! mais « ma mère », c’est tendre, c’est affectueux, c’est poli ; tandis que « ma belle-mère », ça a quelque chose de sec, d’aigre-doux, de discourtois que rien ne justifie.