Page:Feydeau - On purge bébé !, 1910.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

intéresser un fabricant de porcelaine de savoir où sont les Hébrides ?

Follavoine, toujours sur le ton grognon.

Si tu crois que ça m’intéresse ! Ah ! bien !… je te jure que si c’était pour moi !… Mais c’est pour Bébé. Il vous a de ces questions ! Les enfants s’imaginent, ma parole ! que les parents savent tout !… (Imitant son fils.) « Papa, où c’est les Hébrides ? (Reprenant sur un ton bougon, pour s’imiter lui-même.) — Quoi ? (Voix de son fils.) Où c’est les Hébrides, papa ? » Oh ! j’avais bien entendu ! j’avais fait répéter à tout hasard… (Maugréant.) « Où c’est, les Hébrides » ! est-ce que je sais, moi ! Tu sais où c’est, toi ?

Julie

Bien oui, c’est… J’ai vu ça quelque part, sur la carte ; je ne me rappelle pas où.

Follavoine, remontant pour aller s’asseoir à sa table sur laquelle il pose son dictionnaire ouvert à la page qu’il compulsait.

Ah ! comme ça, moi aussi ! Mais je ne pouvais pas lui répondre ça, à cet enfant ! Qu’est-ce qu’il aurait pensé ! J’ai essayé de m’en tirer par la tangente : « Chut ! allez ! ça ne te regarde pas ! Les Hébrides, c’est pas pour les enfants ! »

Julie

En voilà une idée ! C’est idiot.

Follavoine

Oui ! Ah ! c’était, pas heureux : c’était précisément dans les questions de géographie que lui avait laissées Mademoiselle.

Julie, haussant les épaules,

Dame, évidemment ! c'était à prévoir.