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canapé maintenant ! Hum ! le canapé… C’est généralement le terrain où s’engage l’action… Très important !… De la première escarmouche dépend presque toujours la victoire… Double ration au canapé. (Elle vaporise consciencieusement le canapé.) Ah ! dame ! je vaporise stratégiquement. (Allant au lit dont la couverture est faite.) Ainsi, là, tenez ! j’en mets… par acquit de conscience, parce qu’à vrai dire, quand on est arrivé à cette phase… Enfin, quand ce ne serait que des libations d’actions de grâces ! (Elle vaporise le lit légèrement, puis redescendant à droite.) Allons, j’espère que M. Moricet, notre nouveau locataire, sera content. (Montrant le vaporisateur qui est presque vide.) Je viens de lui vaporiser là pour seize francs d’impérial russe. (Tout en se dirigeant vers le piano.) Eh bien, j’aime les hommes comme ça, moi ; les hommes qui, en amour, ne regardent pas à la dépense ! (Se vaporisant.) D’ailleurs, il y a-t-il rien d’assez cher pour une femme aimée ? Ah ! nous sommes un bien heureux sexe… (Elle va poser le vaporisateur sur le piano et gagne lentement la droite tout en parlant.) Ah ! que n’ai-je eu, moi, comtesse de Latour du Nord, quand j’étais encore du noble faubourg Saint-Germain, des faiblesses pour un homme comme celui-là au lieu d’aimer un numéro de cirque… (Elle s’assied sur le canapé.) Mon mari ne m’aurait pas pincée et je ne serais pas concierge à l’heure qu’il est. (S’étendant sur le canapé.) Ah ! c’est loin tout ça !… heureux temps ! Ces parfums m’engourdissent… Je me sens tout alanguie !… à quoi bon ?… Encore si le proverbe était vrai !