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son lit.) Pauvre petite femme ! elle sera très mal, couchée par là !… (Avec philosophie.) Enfin ! moi, je serai très bien ! (Il pose la bougie allumée sur le guéridon et va éteindre la lampe qu’il porte sur le piano.) Ah ! on m’y reprendra encore à vouloir subjuguer des femmes du monde. (Remontant jusqu’à la porte.) Voyons, c’est bien fermé… ? oui, pas de danger qu’on entre, je puis me coucher. (Il s’assied sur le fauteuil qui est au pied de son lit, enlève ses bottines qu’il jette l’une après l’autre devant lui, retire son pantalon et après s’être levé, le dépose sur le dossier du fauteuil où sont déjà sa jaquette et son gilet. Cela fait, il grimpe dans son lit, se glisse sous les couvertures qu’il dispose de façon à être aussi bien que possible, puis se remettant sur son séant.) Eh bien ! Voilà !… on ne le dirait pas !… je suis en bonne fortune !… Moi ici, elle là-bas : ça s’appelle une intrigue d’amour. Ah ! dors, va, imbécile ! C’est ce que tu as de mieux à faire. (Il souffle sa bougie. — Nuit.) Au surplus, ces émotions-là m’ont brisé. (Il se refourre sous ses couvertures. — Bâillant.) Au diable, les femmes du monde !

Moment de silence. — Léontine paraît.
Léontine, entrant avec son bougeoir à la main et se dirigeant vers le canapé. — Tout en marchant.

Ah ! Vous êtes déjà couché, vous !

Elle choisit un coussin entre ceux qui sont sur le canapé.
Moricet, se redressant à demi

Mais dame, oui !… puisque je n’ai que ça à faire.