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LE BOURGEON
MAURICE.

Mais je ne me reconnais pas moi-même. Il me semble que j’ai des années de jeunesse en retard, que j’existe pour la première fois. Assez longtemps j’ai vécu comprimé dans ma chrysalide, j’ai besoin d’étendre mes ailes et de voler éperdument. J’ai besoin de mon âge, j’ai besoin de vivre, j’ai besoin d’aimer.

ÉTIENNETTE.

Qu’il est loin le petit séminariste, à la soutane noire, dont le rigorisme m’imposait, dont la pureté me troublait !

MAURICE.

Qu’il est loin l’être de vanité qui s’imaginait avoir en lui toutes les vertus du sacrifice ! Il a suffi d’un sourire de femme pour le ramener à la réalité et lui montrer qu’il n’était qu’un homme.

ÉTIENNETTE.

Regretterais-tu quelque chose ?

MAURICE.

Ai-je l’air de quelqu’un qui éprouve des regrets ?

Il l’embrasse dans le cou.