Page:Feydeau - La main passe !, 1906.djvu/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Massenay, l’embrassant.

Ma chérie !

Francine.

Si tu savais comme je suis heureuse depuis vingt-quatre heures !… (Avec une souriante confusion.) depuis que c’est fait. J’ai envie de crier mon bonheur à tout le monde, (Sourire avantageux et reconnaissant de Massenay.) aux passants… aux domestiques… à mon mari…

Massenay, qui, après chacune de ces désignations, les yeux mi-clos pour mieux savourer son bonheur, la bouche souriante, a approuvé d’autant de hochements de tête, approuve encore une fois machinalement, puis brusquement se ravisant. Ah ! non.

Francine.

Ne crains rien, c’est des envies qu’on a, mais qu’on ne se passe pas !… (Sentimentale.) et pourtant, il y a des moments où ça me brûle de lui raconter ! c’est si lourd à garder un secret ! Et puis, je me dis que ça le rendrait furieux, qu’il me ferait une scène et qu’en me faisant une scène, il serait bien forcé de me parler de toi… Et c’est si bon d’entendre prononcer le nom de celui qu’on aime…

Massenay, plus à la réalité.

Oui, je ne dis pas, mais c’est égal !…

Francine, se levant et avec un soupir.

Oh ! je sais, je n’ai pas le droit : (Tout en remontant jusqu’à mi-scène dans la direction du cabinet de son mari, et les regards dirigés de son côté.) il ne faut pas pen-