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Francine.

Ah ?… Ah ?

Coustouillu fait signe que « oui », puis, ayant le sentiment de sa gaucherie, il cherche une position qui lui donnera l’air à l’aise ; pour ce faire, oubliant qu’il est sur le tabouret, il laisse aller son corps en arrière, pour s’appuyer sur un dossier imaginaire, de sorte qu’il manque de perdre l’équilibre (ce jeu de scène doit être très discret). — Moment de gêne général, Francine tousse ; puis Massenay ; on ne sait que dire. — Coustouillu, gêné par son chapeau, ne sachant où le mettre se le pose sur la tête, puis presque aussitôt, s’apercevant de sa bévue, le retire précipitamment, en regardant anxieusement si aucun des personnages ne l’a vu. Il le place sur son genou, en faisant un soutien pour son bras ; puis aussitôt que le dialogue suivant s’engage, il l’écoute, le sourcil froncé comme quelqu’un qui concentre toute son attention, approuvant de la tête, le visage successivement tourné vers la personne qui parle.
Francine, se décidant à rompre le silence.

Qu’est-ce que nous disions donc, monsieur Massenay ?

Massenay, saisi par cette brusque question.

Ce que nous disions ?… Euh ?… Qu’est-ce que nous pouvions bien dire ? (Regardant Coustouillu et frappé d’une inspiration.) Ah ! oui, vous me disiez, madame, que vous aviez remarqué un melon chez Potel et Chabot et qu’il vous avait fait envie.

Francine.

Moi !

Massenay.

Si vous le permettez, madame, en sortant d’ici, je cours chez Potel et je vous le rapporte.