Page:Feydeau - La main passe !, 1906.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Massenay, souriant.

Vous êtes caustique, madame.

Chanal.

Elle a un peu raison dans l’espèce. Oh ! mais maintenant à la réflexion, il y a un tas de choses qui m’ouvrent les yeux… Tiens ! tout à l’heure, les asperges !

Massenay.

Les asperges ?

Chanal.

Oui, et l’autre jour, les brugnons… (À Massenay.) Figure-toi, ma femme n’a qu’à jeter un mot en l’air, devant lui, dire : « Ah ! j’ai vu de beaux brugnons chez un tel !… » Ou « tiens, je mangerais bien des asperges !… » Crac, deux heures après, tu vois revenir mon Coustouillu avec une corbeille de brugnons ou une botte d’asperges…

Massenay.

Vraiment ?

Francine.

Oui, je n’ose plus rien dire.

Chanal.

Et il n’y a pas ! il ne fait ça que pour elle. L’autre jour, j’avais des douleurs dans le ventre, je dis devant lui : « Ah ! j’aimerais bien avoir un cataplasme ! » Eh bien, il n’a pas bronché !… Si ç’avait été ma femme, ah ! là, là !… il l’aurait plutôt posé lui-même.