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tête française, — c’est de naissance ! — J’ai pu, peu à peu, naturaliser mon estomac ; mais (Se donnant une tape sur le front.) ma sacrée caboche qui était patriote, n’a jamais rien voulu savoir !… de sorte qu’aujourd’hui, il y a antagonisme entre ces deux parties de mon individu. Mon estomac, qui est devenu américain, une fois cinq heures, réclame ses whisky ; ma tête, elle, se rebiffe : d’où conflit ! Et finalement, comme c’est ma tête qui est la plus faible, c’est toujours elle…

Chanal, achevant pour lui.

… qui faiblit.

Hubertin, approuvant.

Voilà… Mais comme vous voyez, madame, mon cas est tout à fait spécial : on ne peut pas dire que je me pocharde, non, je… je m’américanise !

Francine.

Oui, oui.

Chanal, avec une conviction où perce l’ironie.

Oh ! c’est tout à fait autre chose.

Hubertin, avec un soupir.

Tout de même, ça ennuie bien ma femme !

Francine, souriant.

Mon Dieu, monsieur, je n’aurais pas osé… mais du moment que vous le dites : je vous avouerai que… je la comprends un peu.