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Francine, à Madeleine qui lui a passé sa jupe.

Là, agrafez-moi, Madeleine.

Madeleine.

C’est que j’ai peur, madame ; les doigts d’une cuisinière, c’est toujours un peu gras. (À Massenay.) Si monsieur voulait…

Massenay, qui sans en avoir l’air a maintenu Chanal face à lui pour l’empêcher de regarder du côté de Francine.

Moi ? (À Chanal afin qu’il ne se retourne pas.) Bouge pas !

Il remonte devant Chanal et se dirige vers Francine.
Francine.

Oh ! non, lui, il est trop maladroit !

Massenay, vexé.

Ah ! bon !… bien, bien !

Il remonte d’un pas rageur, tandis que Madeleine range la jupe retirée sur le canapé.
Francine, très naturellement, tout en se tournant face au piano de façon à présenter la croupe à Chanal.

Tiens, Alcide, veux-tu… ?

Chanal, qui est resté sagement le dos tourné, se retournant à cette invite, et allant à Francine.

Moi ? volontiers.

Massenay lui jette un regard furieux, mais ne dit rien, se contentant d’arpenter nerveusement la scène, au fond de long en large ; on l’entend ronchonner de temps en temps entre ses dents : « Ces façons !… On n’a jamais vu… Aucune pudeur ! » Tout cela est peine perdue, ni Francine ni Chanal ne font attention à ce qu’il peut faire, ce dernier tout à l’agrafage de la jupe de Francine.