Page:Feydeau - La main passe !, 1906.djvu/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Chanal, faisant le bourru.

Allons, voyons ! As-tu fini, toi ?

Massenay, hypocritement, tout en s’installant pour déjeuner sur ses genoux.

Moi ? Mais qu’est-ce que je fais ? Est-ce que j’ai dit quelque chose ?

Francine, tout en mangeant du bout des lèvres, et sur un ton de vinaigre, sans daigner regarder son mari.

Non ! c’est le chat !

Massenay, tout en mangeant.

C’est elle qui tout de suite s’emporte parce que je me suis permis de demander timidement…

Francine, même jeu.

Oh ! timidement !

Massenay, id.

Si on ne peut plus poser une question maintenant… !

Ils mangent tous deux avec des figures longues d’une aune.
Chanal.

Ah ! mes enfants ! Mes enfants !… Quand on pense que la vie est si courte, et que vous vous la gâchez à plaisir !… (Tous deux, la fourchette d’une main, le couteau de l’autre, lèvent les bras et les yeux au ciel.) Et tout ça pour rien ! (Geste de protestation de part et d’autre ; Chanal répétant avec énergie.) Pour rien ! Si vous pouviez prendre l’habitude de vous expliquer simplement, au lieu de partir tout de suite en guerre…