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Chanal, sceptique.

Bien oui ! ce serait la sagesse, mais tant que le monde sera monde… ! (Allant s’asseoir près d’elle, sur le bras droit du canapé.) Ah ! ça, voyons, mais ça ne va donc pas ici ?

Francine, levant les yeux au ciel.

C’est pas drôle tous les jours.

Chanal.

Quoi ? Massenay… ?

Francine.

Insupportable ! Tout le temps des scènes !… (Sur un ton d’amère ironie, la voix un peu en fausset.) Lui qui était si large d’idées quand c’était toi qui étais en jeu, ah ! bien !… il faut le voir, maintenant qu’il y est pour son compte : ombrageux, jaloux, voyant le mal dans tout !… et sans raison naturellement, comme toujours !… Car enfin, je le suis, fidèle, (Chanal qui écoute avec beaucoup de sérieux, approuve de la tête.) je ne le trompe pas… (Même jeu pour Chanal. Francine croyant lire un doute qui n’existe pas dans les yeux de Chanal.) Je te le dirais, n’est-ce pas ? Je ne me gênerais pas avec toi.

Chanal, s’incline en souriant, puis :

Merci.

Francine, excédée.

Eh bien, je t’avoue qu’il y a des moments, quand il m’a bien poussée à bout, où il me prend des envies de me jeter dans les bras du premier homme que je rencontrerais ! (Se levant