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Chanal.

Mais, au fond, il n’y a que le premier mari qui compte.

Francine, souriant.

Oh ! Taisez-vous ! Si mon mari vous entendait !

Chanal, regarde instinctivement du côté du hall, puis :

S’il m’entendait je ne le dirais pas. (Se levant et sur un ton de plaidoirie, appuyant ses arguments par la suite, de tapes de la main sur la table, il arrivera ainsi à remonter jusqu’au dessus de celle-ci.) Mais la preuve qu’il reste toujours quelque chose, c’est que je suis ici ! Est-ce que c’est ma place ? Est-ce que je devrais y être ? moi, l’ex-époux de la femme remariée !… Car enfin, qu’est-ce que je viens faire ? Vous demander votre signature pour ces titres que nous n’avons pu négocier au moment de notre divorce, et que nous avons laissés indivis jusqu’à aujourd’hui… Évidemment c’est un bon prétexte, mais ça n’est qu’un prétexte ! et ce n’est pas moi qui aurais dû… c’est mon avoué. Eh bien, oui, je sais bien ! Mais je n’ai pas pu résister. Il y a trois jours que je suis à Paris, je me suis dit : il faut que j’en profite pour aller les voir.

Francine.

Mon bon Alcide.

Chanal.

C’est parfaitement incorrect, contraire à tous