Page:Feydeau - La main passe !, 1906.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Scène première

CHANAL, puis ÉTIENNE.
Au lever du rideau, Chanal, seul dans le salon, est assis sur le fauteuil qui est au coin de la table de droite. Il regarde les images des journaux illustrés qu’on a dû lui donner pour occuper son temps ; on sent qu’il est en visite ; son chapeau est posé près de lui sur la table. Après un temps qu’il occupe à achever une livraison, il jette cette dernière sur la table, tire sa montre regarde l’heure, pousse le soupir de résignation de l’homme qui pose depuis longtemps ; puis, se levant, va sonner à droite de la cheminée ; après quoi, remontant au-dessus de la table, il arpente la scène jusqu’au canapé. Arrivé là, ses yeux tombent sur la petite table-rognon. Il la regarde un instant, regarde la place qu’elle occupait au premier acte, puis, avec l’air d’un homme que le désordre insupporte :
Chanal.

Qu’est-ce qu’elle fait là, celle-là ? c’est pas sa place ! (Il prend la petite table, puis, tout en la portant au fond :) Ah ! là là, là là !

Étienne, arrivant du fond ; il est en veston de travail en coutil mauve.

C’est monsieur qui a sonné ?

Chanal.

C’est moi, oui ! (Après un petit temps.) Vous êtes bien sûr que madame doit rentrer ?