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Massenay, furieux.

Quoi ? quoi « c’est louche » ? Même que j’avais pris un ticket — deux sous ! — donnant accès sur le quai. (À sa femme, subitement radouci.) Alors n’est-ce pas en attendant le départ, histoire de causer, ils me disent : « Montez donc avec nous dans le compartiment. C’est ça ! — oui, oui ! — Yes, yes ! » parce qu’il y en avait un qui ne parlait pas le français : le cadet… comme étant le plus jeune n’est-ce pas… ?

Sophie, impatiente.

Oui ! Oui !

Massenay.

Mais voilà t’il pas que tout à coup… C’est extraordinaire ! on ne donne plus de signal maintenant… le train s’est mis en marche, là, en sourdine… et vlan ! il m’a emmené !

Sophie.

Il t’a emmené !

Planteloup, sceptique.

Voyez-vous ça !

Belgence.

On n’a pas idée d’une chose pareille.

Massenay.

Et encore j’ai eu de la chance : à Amiens, on a dû stopper pour faire de l’eau ; sans ce besoin providentiel de la machine, j’allais jusqu’à Calais !