Page:Feydeau - La main passe !, 1906.djvu/161

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sophie, sans l’écouter.

… Mais, je me trouvais tellement désemparée ! tellement seule !… j’ai éprouvé le besoin de sentir un ami près de moi… quelqu’un qui pût m’être un appui, un conseil… Je ne sais plus où donner de la tête ! Mon mari ! Mon mari qui n’est pas rentré à cette heure-ci !

Belgence.

Oui, c’est ce que vous m’avez téléphoné. C’est épouvantable !

Sophie.

Qu’est-ce qu’il a pu devenir, mon Dieu ? Car enfin, ça n’est pas naturel ; ça ne lui est jamais arrivé ; je le disais encore tout à l’heure… à l’homme du téléphone, tenez !… Ah ! il y a un malheur, bien sûr !

Belgence, se levant et descendant légèrement.

Un malheur ! Comme vous y allez ! Un malheur n’arrive pas comme ça !

Sophie.

Ah ! Laissez donc… je ne me fais pas d’illusions maintenant… (Éclatant en sanglots.) Il est mort, mon Dieu, il est mort !

Belgence, revenant à elle, et sans s’asseoir, essayant de la réconforter.

Voyons ! Voyons ! Ah ! là, mon Dieu !

Sophie, toujours sanglotant.

Vous ne voyez toujours rien, Marthe ?