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Sophie, redescendant vers le téléphone.

Ah ! vous avez un à-propos sinistre. (S’arrêtant brusquement.) Ecoutez !… un bruit de roues !… C’est une voiture !

Marthe, qui a couru au balcon.

Oui, madame.

Sophie, remontant.

Monsieur est peut-être dedans ?

Marthe.

Oh ! Je ne crois pas, madame, que monsieur soit dedans ; c’est une voiture de chez Richer.

Elle reste sur le balcon pendant ce qui suit.
Sophie, avec humeur.

Ah ! (On entend le carillon du téléphone.) Ah ! enfin ! (Elle court au téléphone, dont elle décroche les récepteurs.) Allô ! (Au moment de parler, — à elle-même.) Mon Dieu, qu’est-ce que je voulais donc ? Je ne sais plus ! (À l’appareil.) Allô ! Je vous demande pardon, monsieur, j’ai la tête perdue, je ne sais plus du tout ! C’est mon mari qui n’est pas rentré, monsieur… (Un temps.) Oui, monsieur, à cette heure-ci ! C’est inconcevable !… Jamais ça ne lui est arrivé, monsieur ! Quand il rentre passé deux heures, c’est une exception… Vous n’auriez pas de ses nouvelles, par hasard ?… Non, naturellement ; je vous demande ça : c’est l’affolement… Excusez-moi… Si j’ai besoin, je vous resonnerai… Merci, monsieur !… (Elle accroche les récepteurs, puis redescendant devant la table.) Ah ! mon Dieu ! mon Dieu !