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Scène première

SOPHIE, MARTHE.
Au lever du rideau, la fenêtre du fond est ouverte à deux battants ; il fait grand jour dehors. Marthe est sur le balcon, le corps penché, interrogeant la rue. Sophie, appuyée au chambranle de la fenêtre, est en peignoir du matin, les cheveux en désordre. Elle témoigne d’une grande inquiétude, Marthe a un air désolé de convenance.
Sophie (2), avec une lueur d’espoir.

Ah ! Une voiture !

Marthe (1), tenue correcte de femme de chambre ; accent picard.

Ça, c’est vrai, madame ; je dirais le contraire que je mentirais.

Sophie.

C’est peut-être Monsieur ?

Marthe.

Peut-être bien !

Sophie, navrée.

Non, elle passe !

Marthe.

Ça, c’est vrai, madame, elle passe. Je ne peux pas dire le contraire.

Sophie, quittant le balcon et la voix désolée.

Mon Dieu, mon Dieu !

Elle descend jusque devant la table.