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riée ! Ce matin t’a faite femme devant la loi ; ce soir te fera femme devant la nature. (Parlé.) Pas mal, ça ! (Reprenant.) Combien cette pensée me trouble, moi, qui sais de quoi il retourne !

Francine, costume tailleur, son chapeau sur la tête, un boa de fourrure au cou, entrant en coup de vent.

Me voilà, moi !

Soubresaut de Chanal, qui se retourne vivement en fronçant les sourcils, lui fait de la main un geste impératif pour lui imposer silence, puis reprenant son aspect placide, se remet à discourir dans le pavillon du phonographe. — Francine devant ce jeu de scène, reste coi.
Chanal, poursuivant son discours.

… Et je ne suis pas près de toi, lors d’une pareille épreuve ! Hélas ! un océan nous sépare ; je veux du moins que ma voix traverse les mers, pour t’en donner les conseils… de mère…

Francine, qui pendant ce qui précède, tout en considérant son mari avec un étonnement amusé, est redescendue peu à peu de façon à se trouver au-dessus de l’épaule gauche de Chanal, pouffant de rire. Ah ! Ah !

Nouveau soubresaut de Chanal, même air furieux, même geste impératif.

Chanal, reprenant brusquement sa physionomie calme et continuant.

Tu vas connaître le grand mystère à quoi rêvent les jeunes filles…

Francine, rieuse, lui parlant par-dessus l’épaule, juste en regard du pavillon.

Mais qu’est-ce que tu fabriques ?…