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Scène première

CHANAL, puis FRANCINE.
Au lever de rideau, Chanal debout à l’angle du piano (côté clavier) et du canapé, achève d’apprêter le phonographe ; il y a introduit un cylindre, appliqué à la place voulue le diaphragme enregistreur[1] ; après quoi il remonte l’appareil, prend un papier sur la table, tousse comme quelqu’un qui s’apprête à parler, puis, après avoir mis la machine en mouvement, déclamant dans l’orifice du pavillon avec de l’émotion dans la voix.
Chanal.

Ma chère sœur !… (Il tousse.) Hum !… Ainsi, c’est un fait accompli ! De ce jour, te voilà ma-

  1. Note : Cette indication n’est mise que pour se conformer à la réalité ; mais de fait, à la scène, comme il pourrait arriver que le dit diaphragme enregistreur ne puisse graver d’une façon distincte les paroles prononcées, il est préférable d’avoir des cylindres gravés d’avance ; dès lors c’est le diaphragme répétiteur que l’on adapte dès le lever du rideau, en s’arrangeant de manière à ne pas le laisser porter sur le cylindre en mouvement, dans les moments où le phonographe est censé enregistrer et au contraire en établissant le contact lorsqu’il s’agira de faire parler l’instrument ; c’est à l’artiste seulement à donner aux moments voulus l’illusion qu’il opère le changement de diaphragme alors qu’en réalité c’est toujours le même qui sert. Il est très important de répéter le plus longtemps possible avec le phonographe qui servira à la représentation afin que le comédien qui a à jouer avec, en possède l’usage absolu, de façon à pouvoir obvier à toute surprise et à tout dérangement.