Page:Feydeau - La main passe !, 1906.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

(Brandissant sa clé.) Là ! (Il essaie de l’introduire dans la serrure.) Eh ! bien quoi donc ?… Ah ! ma clé a enflé ! (Nouvel essai infructueux.) Non !… c’est la serrure qui fait son étroite !… (Il rit.) Ah ! ma chère !… (Nouvel essai réussi cette fois.) Aïe ! donc ! Ah ! ça y est ! (Il donne un double tour de clé, puis tout en remettant la clé dans sa poche, redescendant.) Là !… comme ça, on est chez soi ! (Fourrant sa lanterne dans la poche de son gilet.) C’est curieux quand on a sa bombe, il y a des choses qui n’arrivent que dans ces moments-là… C’est vrai !… (Tout en monologuant, il est arrivé à côté du fauteuil près du canapé de droite ; ses regards tombent sur le chapeau et le paletot de Massenay ; afin de se rendre compte de ce qu’il aperçoit, il avance le haut du corps au-dessus du fauteuil, en clignant les yeux pour mieux voir, puis brusquement.) Aoh !… Allô !… (Avec un petit bonjour de la main au personnage imaginaire qu’il croit voir.) Good night ! (Puis sans plus s’en occuper, au public, reprenant le fil de son histoire.) Ainsi je demeure au cinquième… (Un temps.) je n’ai monté qu’un étage… (Un temps.) et je suis chez moi… (Un temps.) Comment expliquez-vous ça ?… C’est des choses qui n’arrivent jamais à l’état normal… (Court moment de silence comme en ont les pochards ; il pousse un soupir de fatigue, puis.) Mon Dieu que j’ai mal à la tête… (Un temps.) J’ai comme un poids !… (Levant son bras droit au-dessus de sa tête de façon à palper le sommet de son chapeau du bout de ses doigts.) C’est là !… On dirait, je ne sais pas ?… comme un petit casque !… (Il retire son chapeau avec précaution, en l’élevant de bas en haut, puis