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Du Tréteau.

Bien, ceci dénote une nature économe ! C’est égal, je devrais vous punir ! Vous êtes gourmande. (Il avale une gorgée.) C’est un défaut, mais votre chocolat est bon, c’est une qualité, et comme les qualités font passer les défauts, je ne vous dirai rien pour cette fois (il vide le contenu de la casserole.), mais ne recommencez pas.

Sophie, avec dépit.

Naturellement ! Jamais vous ne me punissez ni ne me récompensez.

Du Tréteau.

Hein !… oui, c’est vrai !… Ça ne me dit rien ! (On entend la cloche qui sonne ; mouvement parmi les élèves.) Mesdemoiselles, c’est l’heure de l’exercice, allez chercher vos fusils en silence !

Toutes.

Ah !

Les élèves sortent toutes par la porte de droite.

Du Tréteau.

Et moi, je suis libre. (Il tire de sa chaire une cuvette qu’il place sur la chaise qu’il vient de quitter et se lave les mains.) Pendant que le sergent instructeur va les faire trimer, moi je vais pousser jusque chez Fernande, ou Anita ; je ne les trouverai peut-être pas ; j’irai chez Emilie ; tout ça c’est voisin. Pour mes fredaines, je centralise ; je prends une rue, c’est plus commode. (Aux élèves qui sortent en rang.) À droite, alignement ! (Les élèves exécutent les ordres.) Trois, quatre, cinq, sortez, numéro 7 rentrez ! oui… vous ! vous dépassez l’alignement, faites-moi disparaître tout ce qui dépasse.

Sophie.

Tiens, je ne peux pas ! C’est pas ma faute.

Du Tréteau.

Allons, ça suffit. Vous avez toujours de bonnes excuses à faire valoir.

Sophie.

J’aimerais mieux en avoir moins !

Du Tréteau.

Fixe !…