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Bouvard.

Comment, on est même payé !

Firmin, il remonte à la table.

Tenez, vous allez me donner un coup de main tout de suite. Comment vous appelez-vous ?

Bouvard.

Bouvard. Apollon Bouvard.

Firmin.

Apollon ! Ce n’est pas un nom ; je ne peux pas vous appeler comme ça.

Bouvard, naïvement.

Appelez-moi, Phoebus, c’est la même chose.

Firmin.

Non, vous vous appellerez Auguste ; c’est plus courant.

Bouvard.

Auguste ?… Pourquoi Auguste ?… Après ça, si ça peut vous être agréable. (Naïvement fat.) On peut ne pas m’appeler Apollon, ça se voit tout de même.

Firmin, lui tendant la boîte de cigares ouverte.

Tenez. (Bouvard croit que Firmin lui offre un cigare, plonge la main dans la boîte.) Non ! vous passerez les cigares.

Bouvard, ahuri.

Ah !… Moi, il faut que…

Firmin.

Eh ! bien oui ! quoi ?

Bouvard.

Ah ? bien… bien, bien, bien, bien ! c’est une drôle d’idée !… Dites-moi, vous connaissez bien M. Bichu ?

Firmin.

Parbleu ! puisque c’est mon patron.. Et je peux dire que c’est un ami pour moi. Attendez !

Il prend dans la boîte cinq ou six cigares qu’il met dans sa poche.

Bouvard.

Qu’est-ce que vous faites ?

Firmin, bon enfant.

J’attache le grelot ; sans ça, on n’ose pas entamer.

Bouvard.

C’est égal, vous qui vous dites l’ami du patron, lui chiper comme ça ses cigares !…