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Saboulot, à part.

Ah ! Diable !… mais elle me fait frémir !

Finette.

Dansez-vous le Boston ?

Saboulot.

Le Boston ! Je connais bien ça comme ville, mais comme danse…

Finette.

Comment, vous vous mariez et vous ne savez pas le Boston ? Tenez, essayez ! C’est facile.

Saboulot

Mais…

Finette, faisant tourner Saboulot de force, tout en chantonnant le motif d’une valse.

Essayons, voyons !

Saboulot.

Oh ! qu’elle est ennuyeuse ! (Il tombe harassé sur la chaise de droite, à côté de la petite table.) Oh ! que ça va être agréable, le ménage dans ces conditions-là !

Il tire une cigarette de son porte-cigarettes et allume une allumette.

Finette, lui prenant la cigarette des mains.

Oh ! non, pardon ! Je désire que mon mari ne fume pas devant moi !

Saboulot ahuri a conservé son allumette enflammée ; Finette, tranquillement lui prend la main qui tient l’allumette et allume la cigarette qu’elle vient de retirer à Saboulot.

Saboulot, ahuri.

Ah ! bien, celle-là, elle est forte.

Il jette l’allumette.

Finette, va s’asseoir à gauche, puis les jambes allongées, les bras croisés, elle toise Saboulot de l’air le plus important.

Voyons, nous disons que vous dansez mal, bon ! Savez-vous chanter ?

Saboulot, se levant.

Moi, mais… (À part.) Ah ! çà ! ce n’est pas une femme, c’est un juge d’instruction.